Le chef d'un parti pro-Bouteflika, 1er candidat enregitré à la présidentielle

Des employés de la ville installe le drapeau algérien et un poster du président Abdelaziz Bouteflika, à Alger, en Algérie, le 26 avril 2016.

Azzedine Mihoubi, secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), parti qui fut un pilier de l'alliance présidentielle soutenant Abdelaziz Bouteflika, a déposé mercredi son dossier de candidature à la présidentielle du 12 décembre.

M. Mihoubi a remplacé en juillet à la tête du parti Ahmed Ouyahia, trois fois très impopulaire Premier ministre de M. Bouteflika, après son inculpation pour des faits présumés de corruption et son placement en détention provisoire.

Ministre de la Culture de trois gouvernements successifs de la présidence Bouteflika, entre 2015 et 2019, M. Mihoubi est le premier candidat à déposer son dossier de candidature à ce scrutin, massivement rejeté dans la rue par le "Hirak", le mouvement inédit de contestation du régime né le 22 février.

Lire aussi : Une figure de la contestation placée en détention provisoire

Conformément à la loi, il s'est présenté en personne dans la matinée au siège de l'Autorité nationale indépendante des Elections (ANIE), récemment créé pour garantir la transparence du scrutin, et a été reçu par son président Mohamed Charfi, selon des images retransmises par la télévision.

"J'ai réussi à collecter les (50.000) parrainages (d'électeurs) requis (...) mais le plus important pour nous n'est pas de convaincre les gens de donner leur signature mais de participer au scrutin, qui reste la seule solution à la crise" politique actuelle, a-t-il expliqué à la presse.

Les observateurs s'attendent à une participation très faible le 12 décembre. Depuis qu'il a obtenu en avril la démission du président Bouteflika, le "Hirak", entré mercredi dans son 9e mois, ne faiblit pas et réclame que des institutions de transition remplacent le "système" au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1962. Une solution écartée par les autorités.

Chaque semaine, les manifestants scandent leur refus de voir les figures du régime Bouteflika encore au pouvoir organiser la présidentielle devant désigner son successeur. Un précédent scrutin prévu le 4 juillet pour clore la période constitutionnelle d'intérim a été annulé faute de candidats.

Fondé en 1997, le RND fut durant les 20 ans de la présidence Bouteflika, le principal allié, au sein de la coalition présidentielle, du Front de Libération nationale (FLN), ex-parti unique devenu la formation du chef de l'Etat.

Il a soutenu jusqu'au bout, malgré les graves séquelles laissées par un AVC en 2013, la candidature de M. Bouteflika à un 5e mandat, qui a fait descendre massivement les Algériens dans la rue.

Le RND est aussi le parti d'Abdelkader Bensalah, durant 17 ans président de la Chambre haute, poste qui l'a propulsé chef de l'Etat par intérim à la démission de M. Bouteflika.

La déclaration de candidature de M. Mihoubi a suscité un flot commentaires négatifs - virulents ou ironiques - sur les réseaux sociaux.

Outre M. Mihoubi, cinq candidats ont jusqu'ici pris rendez-vous à l'ANIE pour déposer leur dossier, a indiqué à l'AFP le porte-parole de l'institution, Ali Draa, qui n'a pas voulu donner leurs noms.

La presse algérienne cite notamment ceux d'Ali Benflis et d'Abdelmadjid Tebboune, deux anciens Premiers ministres de M. Bouteflika, d'Abdelaziz Belaïd, ancien cadre du FLN qui a fondé en 2012 le Front El-Moustakbel, micro-parti proche du pouvoir, et de l'islamiste Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme.

Le délai légal de dépôt des dossiers expire samedi minuit (23H00 GMT).