La police a dispersé samedi à Alger une nouvelle manifestation contre le pouvoir, interpellant des dizaines de personnes y compris des militants et des journalistes, selon un avocat et une association de soutien.
Environ 200 personnes ont commencé à défiler dans le centre d'Alger à la suite d'appels lancés lors de la 56e manifestation hebdomadaire vendredi du "Hirak", le mouvement de contestation antirégime, qui a drainé des milliers de manifestants bravant la pandémie de nouveau coronavirus.
Mais, après avoir parcouru à peine quelques centaines de mètres, le cortège a été dispersé par des policiers armés de matraques et de boucliers, déployés en force dans le centre de la capitale algérienne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Scandant des slogans hostiles au régime -comme "Les généraux à la poubelle", "L'Algérie aura son indépendance" ou encore "Pouvoir assassin", plus d'une vingtaine de manifestants, pourchassés par les forces de l'ordre, ont été interpellés.
Plusieurs tentatives de rassemblements ont été ensuite empêchées par la police.
Selon l'avocat Abdelghani Badi, qui défend plusieurs détenus du "Hirak", "plus de 50 personnes" ont été arrêtées à Alger.
Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a fait état de son côté de l'arrestation d'"une "centaine de personnes, dont plusieurs femmes".
Parmi les personnes interpellées, figurent des militants du "Hirak" et des journalistes, dont Khaled Drareni, correspondant en Algérie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), a-t-il ajouté.
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Khaled Drareni avait déjà été interpellé lors d'une tentative de manifestation il y a une semaine avant d'être relâché sous contrôle judiciaire après trois jours en garde à vue. Il a été inculpé "d'incitation à attroupement non armé et d'atteinte à l'unité nationale", selon le CNLD.
Samedi également, une manifestation a été empêchée par la police à Oran, la grande métropole de l'ouest algérien, selon le CNLD.
Depuis plus d'un an, les marches du "Hirak" se déroulent habituellement chaque vendredi. Le mardi pour les étudiants.
Mais des appels à défiler aussi le samedi ont été lancés depuis le premier anniversaire du mouvement de contestation le 22 février, signe de frustration des militants du "Hirak" et nouvelle épine dans le pied des forces de l'ordre.
Ces derniers appels ne font pas l'unanimité parmi les internautes et les médias favorables à la contestation, certains craignant des "provocations".
C'est le quatrième samedi consécutif qu'une telle manifestation est réprimée par la police dans la capitale. Le samedi 7 mars, un début de cortège avait été violemment dispersé et une trentaine d'opposants interpellés, dont des têtes de file du mouvement.
Vendredi, l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (FIDH-OMCT) a appelé les autorités algériennes à "cesser (leur) acharnement judiciaire" contre les militants du "Hirak" après la tenue cette semaine de plusieurs procès qui se sont soldés par des condamnations ou des reports.
Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, les contestataires restent déterminés à obtenir un changement du "système" en place depuis l'indépendance en 1962.
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