Jackson Mthembu, principale personnalité chargée de la discipline de vote du Congrès national africain (ANC) au parlement, explique que les mauvais résultats du parti aux élections locales en août, le fractionnement du parti et les récentes accusations de fraude contre M. Gordhan sont à l'origine de sa décision.
"Quand je dis toute la direction de l'ANC (...), je veux dire tout le monde, y compris moi-même, et aussi le président Zuma," a déclaré M. Mthembu à la télévision eNCA.
M. Mthembu a critiqué les poursuites contre M. Gordhan, affirmant que ces accusations étaient politiquement motivées et amenaient à s'interroger pour savoir où allait le parti. "Actuellement, sous nos yeux, un ministre est accusé de fraude sur une question administrative".
"A mon avis, un ministre est en train d'être poursuivi pour raisons politiques et est ensuite accusé de fraude".
M. Gordhan sera déféré au tribunal le 2 novembre.
Le conflit qui oppose le président Zuma à son ministre des Finances a éclaté au grand jour dans le courant du mois et menace désormais de faire éclater le parti au pouvoir.
M. Gordhan est présenté par ses partisans comme un "Monsieur Propre" de la politique sud-africaine. Dans une déposition écrite devant la justice, il a dévoilé récemment plus de 70 transactions considérées comme "suspectes" de la sulfureuse famille Gupta, dont les liens de proximité avec M. Zuma nourrissent toutes les allégations de corruption et d'influence.
L'initiative du ministre a sonné comme une contre-attaque à sa mise en accusation par le parquet général, qui lui reproche d'avoir favorisé les conditions du départ à la retraite d'un de ses collaborateurs.
La déposition de Pravin Gordhan a provoqué une onde de choc dans les rangs de l'ANC, qui tient les rênes de l'Etat depuis 1994 et la fin de l'apartheid.
Pour sa part, M. Mthembu accuse la direction de l'ANC d'être "pire que le régime d'apartheid", ajoutant que "le régime d'apartheid n'a jamais poursuivi un ministre comme on poursuit Pravin Gordhan."
Avec AFP