Appel à "revoir" un texte prônant la peine de mort en cas d'apostasie en Mauritanie

Un Mauritanien lit des journaux dans une rue de Nouakchott le 4 juin 2009.

La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples, un organe de l'Union africaine, appelle la Mauritanie à "revoir" une loi en cours d'élaboration sur l'apostasie et le blasphème, les rendant passibles de la peine de mort, à l'issue d'une réunion à Nouakchott.

Le gouvernement avait adopté en novembre 2017 un projet de loi durcissant la législation contre les auteurs d'apostasie et de blasphème, désormais passibles de la peine de mort, sans tenir compte d'un éventuel repentir. Le texte n'est pas encore promulgué par le chef de l'Etat mauritanien, sans explication officielle.

"La Commission africaine (des droits de l'homme et des peuples, Cadhp) saisit l'occasion de sa présente session en Mauritanie pour exhorter les plus hautes autorités à revoir cette législation" sur l'apostasie et le blasphème, a déclaré mercredi soir sa présidente, Mme Soyata Maiga, à l'issue d'une réunion de la Commission à Nouakchott.

"Cette révision doit se faire en se conformant aux orientations et aux travaux du groupe de travail de la commission africaine sur la peine de mort et des exécutions extrajudiciaires et sommaires en Afrique", a dit Mme Maiga.

L'organe de l'UA, dont les décisions ne sont pas impératives, prône l'abolition de la peine de mort.

Le durcissement de la législation sur l'apostasie avait été adopté par Nouakchott dans la foulée des réactions populaires hostiles à l'allègement de la peine du blogueur mauritanien Mohamed Ould Mkheitir qui a vu sa peine de mort réduite à deux ans de prison qu'il a purgés mais qui reste en détention administrative.

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Musulman âgé d'une trentaine d'années, M. Ould Mkheitir est détenu depuis janvier 2014.

Il avait été en première instance reconnu coupable d'apostasie --le fait de renoncer à sa religion-- pour un article sur internet taxé de blasphème envers le prophète de l'islam, Mahomet, mais il avait exprimé son repentir.

Il avait été condamné à mort le 24 décembre 2014 par la Cour criminelle de Nouadhibou.

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L'annonce de la réduction de sa peine en appel a provoqué des manifestations de protestation. Le gouvernement a adopté dans la foulée le projet de loi durcissant la législation contre les auteurs d'apostasie et de blasphèmes.

En raison de ce projet de loi, la Mauritanie a enregistré le plus fort recul d'Afrique (-17 places) dans le classement sur la liberté de la presse de l'ONG Reporter Sans Frontières.

La peine capitale n'a plus été appliquée en Mauritanie depuis 1987.

Avec AFP