L'"Atleti" espérait sans doute un autre baptême pour le stade Metropolitano, inauguré en septembre. Mais l'emménagement dans cette enceinte de 68.000 places, dans l'est de la capitale espagnole, n'a pas porté chance à l'équipe de Diego Simeone.
Hier intraitable au stade Vicente-Calderon, le onze "rojiblanco" a raté ses deux premiers matches européens au Metropolitano malgré tout le confort ultramoderne: défaite 2-1 contre Chelsea, nul 1-1 face à Qarabag, qui avait déjà neutralisé l'Atletico à l'aller à Bakou (0-0).
"Cette fois, la Ligue des champions nous a abandonnés", a déploré Simeone, entraîneur de l'équipe finaliste en 2014 et 2016. "Il est clair que les matches contre Qarabag nous ont pénalisés."
Pour Alfredo Relaño, directeur du journal sportif As, cette contre-performance n'est pas qu'une coïncidence. "Il arrive souvent que sur un nouveau terrain, l'équipe ait de moins bons résultats pendant quelques mois. Il faut prendre ses marques", a-t-il résumé dans un éditorial.
Sur le plan financier, cette élimination précoce de la lucrative C1 tombe mal: l'Atletico a investi 310 M EUR, soit environ l'équivalent de son budget annuel, pour bâtir la nouvelle enceinte.
"C'est un retour de bâton qui va impacter le club à tous les niveaux", souligne El Pais.
Reversé dans la moins prestigieuse (et moins fructueuse) Europa League, le club "colchonero" enregistre un manque à gagner de plusieurs millions d'euros: sans compter les revenus télévisés ou de billetterie, une qualification pour les huitièmes de C1 rapporte au moins 6 M EUR de primes, 6,5 M EUR en quarts et 7,5 M EUR en demies.
Cela tombe d'autant plus mal que l'Atletico avait consenti de gros efforts salariaux pour conserver l'attaquant français Antoine Griezmann, les milieux espagnols Koke et Saul ou l'entraîneur Simeone. Tout en dépensant près de 100 M EUR sur deux recrues qui ne seront qualifiées qu'en janvier, l'avant-centre Diego Costa (ex-Chelsea) et l'ailier Vitolo (ex-Séville).
Bref, l'Atletico a dû se renflouer: le club a validé mi-novembre une nouvelle augmentation de capital, récupérant 50 M EUR de fonds propres avec l'arrivée d'un nouvel actionnaire israélien, Quantum Pacific, holding du milliardaire Idan Ofer. Une manne bienvenue vu le contexte...
Après un an sans transferts à cause d'une interdiction infligée par la Fifa, l'Atletico risque de devoir dégraisser cet hiver.
Déjà les rumeurs de départs ciblent certains joueurs, comme Kevin Gameiro. Ce dernier veut néanmoins rester et son président Enrique Cerezo a déclaré mardi que les spéculations autour du Français n'étaient "pas vraies".
Reste que l'effectif est en chantier et que le marché d'hiver pourrait être mouvementé. "Il est clair que cette possibilité (de recruter) va nous apporter plus de concurrence interne et nous en avons besoin", a souligné Simeone.
Un cas résume les inquiétudes: Antoine Griezmann restera-t-il l'été prochain ? Déjà désireux de partir ces derniers mois, l'attaquant a pour priorité de gagner des titres. Et l'élimination en C1 risque d'être une déception de plus pour "Grizi", courtisé notamment par le FC Barcelone selon la presse.
Ce n'est pas en 2018 que l'Atletico remportera enfin la Ligue des champions, seul trophée majeur manquant à son palmarès.
En attendant, le club "colchonero" fait figure d'ogre de l'Europa League, déjà gagnée en 2010 et 2012. Ce qui avait été à l'époque un marchepied vers la C1.
Mardi soir, Diego Simeone a assuré que son équipe allait "changer de logiciel" rapidement et se reconcentrer sur les objectifs qui lui restent: la Liga, où le club est troisième et invaincu, la Coupe du Roi et la C3.
Et les futurs adversaires de l'Atletico peuvent trembler: le rouleau-compresseur est capable de redémarrer.
Avec AFP