Attaques de Paris : mort de deux suspects et sept arrestations à Saint-Denis

Des habitants évacués pendant l'assaut à Saint-Denis, en France, 18 novembre 2015. (AP Photo/Peter Dejong)

Deux suspects sont morts - dont une femme qui s'est fait exploser - au cours de cette opération qui a duré près de huit heures et qui avait pour cible le cerveau présumé des attaques de Paris, Abdelhamid Abaaoud.

Cinq jours après les attentats de Paris, au moins deux personnes, dont une femme kamikaze, ont été tuées et sept suspects arrêtés, mercredi 18 novembre, au cours d'un vaste assaut policier à Saint-Denis, en proche banlieue parisienne.

Deux suspects retranchés sont morts, dont une femme qui s'est fait exploser - une première en France - au cours de l'opération antiterroriste menée pendant près de huit heures dans un immeuble du centre piétonnier de Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, totalement bouclé. Sept personnes ont été arrêtées, dont trois étaient dans l'appartement, selon une source policière.

Le raid a débuté avant l'aube en plein coeur de cette ville populaire à forte population immigrée de la périphérie nord de la capitale, à moins d'un kilomètre du Stade de France, visé par l'un des attentats du 13 novembre qui ont fait 129 morts et 352 blessés, et ont été revendiqués par l'Etat islamique (EI).

"Héberger des potes"

La femme kamikaze "a activé son gilet explosif au début de l'assaut" lancé vers 4 h 20 (3 h 20 GMT), selon le procureur de Paris, François Molins, en charge de l'enquête.

Au moins cinq policiers d'élite ont été légèrement blessés dans l'opération de Saint-Denis, qui avait pour cible l'organisateur présumé des attentats les plus meurtriers de l'histoire de France, le jihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, selon une source policière.

Cet homme de 28 ans, ex-petit délinquant d'origine marocaine ayant grandi à Bruxelles, était parti combattre en Syrie courant 2013 au côté des jihadistes de l'EI, dont il l'est devenu l'un des visages de la propagande sous le nom d'"Abou Omar al-Baljiki".

On ignorait en fin de matinée s'il figurait parmi les tués ou les interpellés.

L'une des personnes arrêtées est le propriétaire ou locataire de l'appartement visé par les policiers d'élite. "Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours" pour "rendre service", a-t-il raconté à l'AFP, quelques instant avant d'être menotté. "Je n'étais pas au courant que c'était des terroristes", s'est-il justifié.

Toute la matinée, des explosions et rafales d'armes automatiques ont retenti à intervalles réguliers dans le centre historique et piétonnier de Saint-Denis, près de la basilique des rois de France, où l'armée a été déployée.

"Policiers surarmés"

Casqués et cagoulés, des dizaines de policiers en gilet par-balles et surarmés ont pris part à l'assaut, à l'issue duquel des riverains ont été évacués, dont des femmes portant leurs enfants apeurés dans les bras. Une chienne d'assaut de la police, Diesel, malinois de sept ans, "a été tuée par les terroristes", a annoncé la police alors que l'assaut était en cours.

En cinq jours d'enquête, les policiers sont parvenus à remonter la piste des sept kamikazes - dont l'opération suicide était là aussi une dramatique première en France - et établir le scénario des attaques, "des actes de guerre planifiés en Syrie, organisés en Belgique et perpétrés en France avec des complicités françaises", selon le président François Hollande.

Trois équipes coordonnées composées de neuf hommes au total et non huit, comme cru jusqu'à présent : trois kamikazes aux abords du Stade de France, trois autres dans la salle de spectacles du Bataclan et trois assaillants pour les terrasses de bars et restaurants.

Quatre d'entre eux ont été identifiés et sont Français, dont au moins trois ont combattu en Syrie dans les rangs des jihadistes. Un kamikaze du Stade de France reste à identifier : l'homme est passé par la Grèce cet automne et on a retrouvé près de son cadavre un passeport syrien à l'authenticité douteuse.

"Cannabis"

L'un des membres du commando, Salah Abdeslam, 26 ans, dont le frère Brahim Abdeslam s'est fait exploser, est toujours en fuite et activement recherché, notamment en Belgique. L'enquête a révélé qu'il avait été arrêté en février aux Pays-Bas pour possession de cannabis.

Deux complices présumés ont été arrêtés samedi dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles, plaque tournante du jihadisme en Europe, et sont soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam en Belgique après les tueries.

Après le traumatisme, les autorités françaises ont organisé en quelques jours la riposte, qu'elles ont promis "impitoyable".

Avec AFP