A deux heures de route, le barrage de Theewaterskloof (sud) qui abreuve la métropole sud-africaine de trois millions d'habitants ressemble à un vaste désert.
Au club nautique local, le long embarcadère vient s'enfoncer dans le sable où des bouées prises au piège révèlent l'étendue des dégâts.
"Cela fait 20 ans que je travaille ici et je n'ai jamais vu le niveau de l'eau aussi bas", témoigne Lise Wheeler, la secrétaire du club.
La province du Cap-Occidental a déclaré l'état de catastrophe naturelle. Seuls 10% de l'eau de ses réservoirs sont aujourd'hui utilisables.
Pour les autorités qui ont pris une série de mesures, chaque litre sauvé est une victoire.
Les résidents du Cap n'ont pas le droit d'arroser leur jardin, de remplir leur piscine ou de consommer plus de 100 litres d'eau par jour.
La municipalité a même pris un arrêté interdisant les plongeons dans les piscines municipales et les clubs de gym ont fermé saunas et hammams.
"La meilleure stratégie pour gérer une sécheresse, c'est de gérer la demande. C'est ce que nous faisons", explique à l'AFP, Xanthea Limberg, chargée des questions d'approvisionnement en eau pour la ville du Cap.
Pas de réponse facile
Plus tôt dans l'année, la municipalité a même publié une "liste noire" des rues où les habitants font le moins d'efforts pour économiser l'eau.
Mais les autorités provinciales sont elles-mêmes critiquées pour avoir trop tardé à mettre en place les restrictions, malgré les cris d'alarme de nombreux experts.
Face à cette situation, certains habitants n'hésitent pas à user du système D et vont récupérer de l'eau dans une source naturelle en dehors de la ville.
"C'est la seule eau potable que je peux récupérer", soupire un Capetonien.
De bonnes pluies se sont abattues sur la plupart de l'Afrique australe pendant l'été qui vient de s'achever, soulageant la majeure partie des régions en stress hydrique.
Mais le Cap bénéficie d'un climat plus sec et la majeure partie de ses précipitations tombe pendant l'hiver austral qui débute ce mois-ci.
Selon Peter Johnston, scientifique spécialiste du climat à l'université du Cap, la ville doit se préparer au pire.
"Cela fait trois saisons de suite qu'on a de faibles précipitations. C'est le genre de choses qui n'arrive qu'une fois par siècle", explique le chercheur à l'AFP.
"Même si l'on a un hiver pluvieux, les niveaux des barrages vont remonter à 40-50%. On sera dans la même situation l'an prochain à la même époque. C'est ce qui est effrayant", ajoute-t-il.
Plusieurs projections tenant compte du changement climatique prévoient de hautes pressions bloquant les pluies et risquant de provoquer des étés de plus en plus chauds et secs dans la région.
"Moins d'eau va tomber du ciel", résume M. Johnston.
Les habitants du Cap devront donc trouver d'autres sources d'approvisionnement.
La ville prévoit déjà de recycler les eaux usées et de forer la célèbre montagne de la Table, la Table Mountain, pour pomper ses réserves d'eau.
Des usines de dessalement de l'eau de mer devraient également être construites.
"Les restrictions vont être notre quotidien pour un bon moment", prévient Xanthea Limberg.
Avec AFP