Au moins 38 morts dans des altercations entre ressortissants burundais et forces de l'ordre en RDC

La communauté burundaise éprouvée a exposé ses morts sur la grande route non loin d’une base de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), Kamanyola, Sud-Kivu, 16 septembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

Au moins 38 morts dont 37 réfugiés burundais et un officier congolais ainsi que 134 blessés côté Burundais et une dizaine côté FARDC, police congolaise et population locale ont été enregistrés apres les altercations a Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu, selon l'administrateur du territoire de Walungu Dominique Bofondo.

La nouvelle a suscité samedi l'émoi des Nations unies, de son Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) et de Bujumbura, qui demandent une enquête et des explications aux autorités de la RDC.

Selon l’administrateur du territoire de Walungu, Dominique Bofondo, 37 civils burundais et un officier congolais font partie des victimes. Parmi les blessés par balles, 124 Burundais et 14 Congolais dont six militaires, quatre civils et quatre policiers.

"Des éclaircissements sont nécessaires" sur les circonstances de ce "fusillade", a réagi le ministre burundais des Relations extérieures, Alain-Aimé Nyamitwe, sur son compte twitter.

Selon les premiers éléments de la mission des Nations unies en RDC (Monusco), la mort d'un officier congolais "a entraîné une escalade de la violence. En réponse, les forces de défense et de sécurité congolaises auraient ouvert le feu sur les manifestants de façon disproportionnée".

Le chef de la Monusco, Maman Sidikou, a avancé un bilan de 36 morts en condamnant dans un communiqué "toute forme de violence entre communautés".

M. Sidikou "rappelle l'obligation pour les forces de défense et de sécurité de ne recourir à la force qu'en dernier recours, en respect des principes de nécessité, proportionnalité et légalité, conformément aux standards internationaux" et "appelle les autorités à ouvrir promptement des enquêtes judiciaires".

Au moins 38 morts et au moins 134 blessés : c'est le bilan provisoire des altercations survenues entre les forces de l’ordre congolaise et des sujets burundais vivant dans des familles d’accueil dans la cité de Kamanyola dans le territoire de Walungu, à 55 kilomètres au sud de la ville de Bukavu, dans l’est de la RDC. Certains blessés ont succombé à leurs blessures après les échauffourées.

Selon quelques habitants de Kamanyola contacté par VOA Afrique, il était 15 heures vendredi lorsqu’une foule importante des sujets burundais établis à Kamanyola sont venus manifester devant le bureau de l’Agence nationale de renseignement ANR.

La communauté burundaise éprouvée a exposé ses morts sur la grande route non loin d’une base de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), Kamanyola, Sud-Kivu, 16 septembre 2017. (VOA/Ernest Muhero)

Selon les habitants sur place, l​es Burundais protestaient contre une possible extradition de quatre de leurs compatriotes arrêtés la nuit du mercredi au jeudi 14 septembre au motif qu’ils seraient en train d’organiser depuis peu des patrouilles parallèles aux force de l’ordre sans autorisation et munis des armes blanches.

Selon des journalistes des médias locaux contactés par VOA Afrique à Kamanyola, la foule exigeant la libération des sujets interpelés s’est attaquée aux forces armées en petit nombre en jetant des pierres au point.

Les tirs de sommation des FARDC n’ont pas suffi à disperser la foule décidée à ramener les détenus.

"Dans la confusion qui a suivi, un des manifestants aurait ravi une arme à feu à un militaire pour ensuite ouvrir le feu en direction d’autres militaires qui ont réagi", confirme la présidente de la société civile de Kamanyola, Béatrice Tubatunziye.

L'administrateur du territoire de Walungu Dominique Bofondo fait état d'un bilan d'au moins 38 morts dont 37 réfugiés burundais et un officier congolais ainsi que 134 blessés côté Burundais et une dizaine côté FARDC, police congolaise et population locale.

Certains Burundais contactés samedi matin par l’entremise des journalistes locaux de Kamanyola se sont refusé de s’exprimer après une si grande douleur de perte le leur.

Même des blessés grave auraient refusé de suivre les soins à l’hôpital général de Kamanyola préférant rester sur la route aux cotés de leur frères et sœurs tué par balles.

A l’heure actuelle, il est difficile d’établir si les personnes interpellées à l’ANR étaient des réfugiés ou des demandeurs d’asile.

Néanmoins selon des sources proches de la commission nationale pour les réfugiés (CNR), il n’existe pas de camp de réfugiés burundais à Kamanyola mais qu’environs deux milles refugiés reconnus ont choisi de vivre dans des maisons d’accueil ainsi que plus de 900 demandeurs d’asile burundais.

Samedi matin, la communauté burundaise éprouvée a exposé, dans la tristesse, ses morts sur la grande route non loin d’une base de la Monusco (Mission des Nations unies au Congo).

Ernest Muhero, correspondant à Bukavu