Au moins 50 soldats tués dans une attaque en Afghanistan

Un soldat de l’Armée nationale afghane dirige un véhicule à un point de contrôle près de l’entrée du district Zhari, Kandahar, Afghanistan, 19 octobre 2017.

Les talibans accentuent leur pression sur les forces gouvernementales afghanes, cibles de trois attaques majeures en 48 heures, dont la dernière jeudi a tué au moins 50 soldats dans l'attaque de leur base, dans le sud du pays.

Selon le ministère de la Défense, "plus d'une soixantaine de soldats se trouvaient sur la base, 43 ont été tués, neuf blessés et six sont portés disparus. Dix assaillants ont été tués" dans cette opération conduite en pleine nuit à l'ouest de Kandahar.

Un responsable provincial a cependant avancé un bilan de "50 morts et 20 blessés".

Une source locale a estimé sous couvert d'anonymat que les assaillants ont pu bénéficier de complicités à l'intérieur de cette base, modeste et excentrée, les soupçons se portant naturellement sur les "six disparus".

L'attaque s'est produite à 02H50 du matin (22h20 GMT), au moyen d'au moins un Humvee (véhicule militaire) bourré d'explosifs déclenchés à l'entrée de la base de Chashmo, dans le district de Maiwand.

"Nous essayons de vérifier s'il y en avait plusieurs. Malheureusement, il ne reste rien du camp. Tout a brûlé", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, le général Dawlat Waziri.

Dans un message, les talibans ont revendiqué l'opération, affirmant avoir utilisé "deux Humvee et tué les 60 soldats (présents)".

"Les dernières attaques sont un message clair aux Américains et au gouvernement de Kaboul qui ne nous font pas peur avec leur soi-disant nouvelle stratégie" a indiqué leur porte-parole pour le sud, Qari Yusuf Ahmadi, précisant: "Nous allons continuer".

L'armée américaine qui compte près de 11.000 hommes en Afghanistan a annoncé le renfort d'au moins 3.000 soldats supplémentaires.

Les forces américaines à Kaboul ont d'ailleurs indiqué à l'AFP avoir conduit jeudi "un raid aérien lors d'une opération dans le district de Maiwand, sous le commandement des autorités anti-terroristes".

Le porte-parole n'a pas précisé si ce raid avait eu lieu avant ou après l'attaque des talibans.

- Humvee volés -

La base de Maiwand, isolée, est située à 80 km à l'ouest de Kandahar et à une vingtaine de km de la limite avec le Helmand, la "province du pavot" dont les talibans contrôlent les deux-tiers du territoire.

Cette attaque est la troisième en 48 heures dans le sud et sud-est du pays. Elle porte le bilan officiel des victimes à plus de 120 morts et 250 blessés au moins depuis mardi, en majorité des membres des forces de l'ordre.

A chaque fois, les talibans ont recouru à un ou plusieurs Humvee piégés, volés aux forces de sécurité, qu'ils ont fait sauter pour s'ouvrir la voie ou détruire leur cible.

Parallèlement les insurgés sont accusés d'avoir mené jeudi à l'aube un nouveau raid dans un district de Ghazni, au sud de Kaboul, tuant deux policiers dans l'attaque de leur poste, déjà visé mardi, selon le chef de la police provinciale de Ghazni, Mohammad Zaman.

Au moins 25 personnes avaient péri mardi dans la première attaque.

Le même jour, une opération d'envergure, conduite avec trois véhicules piégés et un commando d'au moins onze assaillants, avait visé un complexe de la police à Gardez, capitale de la province de Paktiya dans le sud-est.

Le bilan officiel a été établi à plus de 60 morts et 230 blessés, civils et policiers.

La province de Paktiya et la région du sud-est en général, comme Kandahar et le Helmand, ont tous une frontière commune avec le Pakistan et sont considérés comme des places-fortes des talibans et autres éléments armés en lutte contre le gouvernement central.

Soldats et policiers afghans, souvent peu entraînés et mal équipés, continuent de payer le prix fort de leur engagement. Les autorités ne dévoilent pas leurs pertes mais le Sigar, l'organisme du Congrès américain qui surveille les dépenses des Etats-Unis en Afghanistan, les a souvent jugées "choquantes" et "insoutenables".

Avec AFP