Sur une photo publiée dans le journal d'Etat Herald, son auteur Dominic Benhura pose au pied de son oeuvre aux côtés du chef de l'Etat, impassible, et de son épouse Grace.
L'oeuvre en pierre, d'environ 3 mètres de haut, représente le président de 92 ans, debout mais crispé en costume cravate, avec ses traditionnelles lunettes et fines moustaches, tendant le poing en l'air, le visage fermé.
La photo de la statue a été rapidement partagée sur les réseaux sociaux et fait l'objet de railleries.
"Avec cette statue, Robert Mugabe s'est tout simplement fait insulter et ne l'a pas compris", a réagi le militant zimbabwéen et propriétaire de journaux Trevor Ncube, sur Twitter.
"Si j'étais Robert Mugabe le dictateur, j'aurais arrêté (Benhura) et détruit la statue", a-t-il ajouté.
L'artiste s'est défendu auprès de l'AFP en expliquant avoir "répondu au défi" qui lui était lancé et avoir "fait de mon mieux".
"Je ne réalise pas de portraits d'habitude. Evidemment, certaines personnes ne s'attendaient pas à ce résultat", a-t-il ajouté lundi.
"Il est notre président. Il est notre numéro 1, donc je ne voulais pas que la statue soit ennuyeuse", a-t-il aussi plaidé auprès de la presse locale.
Vendredi, deux statues représentant Robert Mugabe ont été inaugurées devant le palais présidentiel, qui abrite la résidence officielle du chef de l'Etat et son bureau.
Robert Mugabe a de son côté tenu à saluer le résultat. "Les artistes sont talentueux, vraiment talentueux, a-t-il déclaré cité par le Herald, "un simple merci ne suffit pas quand on se voit représenter ainsi".
Dominic Benhura a consacré six mois à son oeuvre, mais a refusé de préciser le montant de son contrat. Au cours de sa carrière, il a remporté plusieurs prix pour ses statues. Une série de sculptures représentant des enfants jouant à saute-mouton est exposée en permanence devant les bureaux du maire d'Harare.
La statue a été inaugurée au moment où le président Mugabe, au pouvoir depuis 1980, doit faire face à une vague de contestation contre son régime, alimentée par une grave crise économique qui se traduit par un manque de liquidités, un retard dans le paiement des salaires des fonctionnaires et un taux de chômage exorbitant.
Avec AFP