La police du Burundi a exhibé devant la presse mardi à Bujumbura cinq jeunes hommes présentés comme des "terroristes" repentis, qui auraient décidé d'"eux-mêmes" de se rendre aux autorités, a-t-on appris de source policière.
Ces cinq "terroristes" appartenaient aux "groupes criminels armés qui perturbaient la sécurité à Bujumbura, notamment avec les attaques à la grenade, et ils se sont rendus d'eux-mêmes", a expliqué à l'AFP le porte-parole adjoint de la police burundaise, Moïse Nkurunziza.
"Ils expliquent qu'ils ont décidé de se désolidariser de ces actes et de collaborer avec les forces de l'ordre, parce qu'ils étaient fatigués et qu'ils voulaient répondre à l'appel des autorités" en ce sens, a-t-il poursuivi.
Deux de ces cinq repentis se seraient rendus à la police dimanche, deux autres lundi matin et un cinquième lundi soir, selon la même source.
Moïse Nkurunziza a affirmé que leurs informations avaient conduit mardi la police à une cache d'armes, où ont été notamment découverts sept Kalashnikov et des chargeurs.
Ces redditions présumées interviennent alors qu'une série d'attaques à la grenade ont fait un mort et 32 blessés lundi à Bujumbura, selon la police. L'ONG Médecins sans frontière (MSF) a parlé de deux morts et 61 blessés.
La version de la police concernant ces repentis supposés est cependant très contestée sur les réseaux sociaux, où de nombreux opposants dénoncent "une mascarade".
"A voir l'assurance avec laquelle ces pseudo-terroristes s'exprimaient, nous sommes fondés à croire qu'il s'agit d'un montage du pouvoir pour mettre sur le dos de groupes armés de la résistance ces attaques à la grenade sur des civils, qui constituent des crimes de guerre", a réagi mercredi auprès de l'AFP Vital Nshimirimana.
Vivant désormais en exil, M. Nshimirimana est une figure de la société civile à la tête de la contestation contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, à l'origine de la crise en avril 2015.
Après un début d'année plutôt calme, Bujumbura a connu une recrudescence d'attaques à la grenade, devenues quasi-quotidiennes depuis début février. Le pouvoir et l'opposition se rejettent mutuellement la responsabilité de ces "attaques terroristes", qui ne sont jamais revendiquées.
Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza - réélu en juillet - à un troisième mandat, que l'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2006).
AFP