Dans le quartier de Rohero au centre-ville de Bujumbura comme dans d’autres quartiers de la mairie, la vie de chaque jour se normalise depuis plusieurs mois, les fonctionnaires vaquent à leurs occupations quotidiennes. La nuit n’est pas encore tombée et les activités commerciales vont bon train. Pas de motos ou de vélos-taxis qui circulent après dix-huit heures. Mais les marcheurs à pied abondent surtout les samedi et dimanche, jours fériés. Tout est au beau fixe comme le déclare le porte-parole de la police Pierre Nkurikiye.
L’année a été longue, c’est vrai. On a connu une insurrection. On a pris des mesures qui ont permis la restauration de la paix et de la sécurité dans tout le pays. Le résultat est là et tout le monde le voit, affirme M. Nkurikiye.
Derrière la normalité apparente, la vie au quotidien de nombreux ménages citadins reste intenable.
Your browser doesn’t support HTML5
Un nouveau terme a même été trouvé pour designer la situation au quotidien : le « délestage alimentaire ». Un concept qui renvoie au fait que des membres d’une même famille mangent parfois une seule fois les deux jours comme l’affirme ces burundais moyens.
Tellement que la situation et devenue catastrophique, les prix ont grimpé sur les marchés. On se nourrit à peine une fois par jour, soutient un Burundais trouvé dans la rue.
A ce délestage alimentaire s’ajoute la peur du quotidien.
Des vingt heures, des habitants de la capitale se dirigent automatiquement vers leurs habitations.
Même les amoureux de la bière, qui sont à des milliers dans la capitale, prennent le dernier verre près de la maison.
Les gens ont peur de rentrer tard dans la nuit. Ils préfèrent d’aller boire tut près de leur maison où ils sont au moins en sécurité, indique un autre Burundais, père d’une famille de quatre enfants.
Dans ces mêmes quartiers de la capitale, où se côtoient anti ou pro troisième mandat, les prix des denrées alimentaires ont augmenté.
Des pénuries de certains produits comme le sucre et l’essence sont remarquées.
Beaucoup de camionnettes avec des militaires ou policiers armés jusqu’aux dents circulent régulièrement dans la mairie pour des raisons de sécurité.
Souvent, il faut attendre des heures pour traverser quand une voiture d’une haute autorité est signalée dans les environs.
Pour le porte-parole de la police, cela s’explique car il faut assurer la sécurité des autorités au regard des attentats qui se sont multipliés dans le pays.
Selon des organisations des droits humains, la ville Bujumbura a connu depuis une annee des centaines de disparitions extrajudiciaires surtout dans les quartiers hostiles au troisième mandat.
Jean Bigirimana, journaliste du groupe de presse I Wacu qui a disparu depuis le 22 juillet dernier est toujours introuvable.
Les bruits d’explosion de grenades ou de coups de fusils ne sont cependant plus le quotidien des citadins comme il y a une année.
Reportage de Christophe Nkurunziza à Bujumbura VOA