La presse défend un mandat illimité pour Xi Jinping en Chine

Des livres sur le président chinois, à Pékin, le 23 août 2017.

L'appareil de propagande étatique chinois était à la manoeuvre mardi pour défendre une proposition du Parti communiste permettant au président Xi Jinping de se maintenir indéfiniment au pouvoir, un projet vivement critiqué sur les réseaux sociaux en dépit d'une censure drastique.

Le Parti communiste chinois (PCC) a proposé de supprimer de la constitution du pays la limite de deux mandats présidentiels, ce qui permettrait à M. Xi, président de la République populaire depuis 2013, de rester à la tête du régime autant qu'il le souhaite.

Cette proposition de modification constitutionnelle, dévoilée dimanche, a suscité un tourbillon de réactions outragées, incrédules ou critiques sur les réseaux sociaux chinois.

En dépit d'une censure prompte à supprimer les messages négatifs, nombre d'internautes continuaient mardi d'exprimer leur effroi sur la plateforme de microblogs Weibo: "Pathétique! 1,3 milliard d'habitants, et aucun ne résiste", déplorait l'un.

"Dire que j'avais rêvé de pouvoir élire un président une fois dans ma vie", rageait un autre.

"Longue vie au dirigeant Mao!", ironisait un autre post, supprimé mais visible sur le site Free Weibo. "On a connu l'avidité impériale, la peur du pouvoir autoritaire, et 100 ans plus tard, rien n'a changé", insistait un autre message également censuré.

Des formules comme "Je m'oppose", "roi autoproclamé", "mandats consécutifs" ou encore "Winnie l'ourson" -- personnage auquel est comparé Xi Jinping en raison de son visage poupin -- étaient bloquées par les censeurs. Des internautes sarcastiques s'échangeaient des souhaits traditionnels de longévité à l'empereur dans la Chine classique.

De son côté, le China Daily, quotidien officiel anglophone, a défendu mardi la fin de la limitation des mandats présidentiels, la jugeant "nécessaire pour perfectionner le système de gouvernance du Parti et de l'Etat".

Le journal vante les réalisations économiques et politiques menées sous "la ferme direction du PCC", qu'il s'agirait donc ainsi de renforcer.

Un argument avancé par la propagande est en effet que la réforme permettrait d'harmoniser le statut présidentiel avec celui de secrétaire général du Parti, sans limitation.

Pour le Global Times, quotidien officiel au ton nationaliste, "la modification constitutionnelle correspond à une nouvelle ère" du socialisme chinois.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012, "la nouvelle équipe dirigeante (...) a approfondi les réformes de façon exhaustive et formidable", insiste-t-il, avant de fustiger le système démocratique occidental.

"Dans des régions cruciales de l'Occident, le système des valeurs s'effondre. La démocratie (...) y est en pleine décomposition. (...) Notre pays ne doit pas être dérangé par le monde extérieur."

Avec AFP