Comité constitutionnel syrien: constat d'échec de l'émissaire de l'ONU

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, au siège de l'ONU à New York, le 30 avril, 2019.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a dressé vendredi un tableau sombre des travaux du Comité chargé de réviser la Constitution syrienne, tranchant avec l'optimisme dont il avait fait preuve fin octobre lors de sa première réunion.

"Il n'y a aucune raison de convoquer une nouvelle réunion" de ce Comité dans son format réduit (45 personnes représentant le pouvoir, l'opposition et la société civile), a-t-il annoncé lors d'une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité de l'ONU.

Evoquant les questions de la libération de prisonniers et du sort des disparus, il a aussi souligné sa "grande frustration devant l'absence de progrès" dans ces domaines.

L'émissaire a précisé que la deuxième réunion du Comité constitutionnel à Genève en novembre avait tourné court, sans accord sur l'ordre du jour et le programme de travail. Selon des diplomates, le régime syrien a posé des conditions inacceptables pour le reste du Comité.

Ces sources estiment que l'intérêt du régime syrien est de traîner le plus possible jusqu'aux élections parlementaires prévues en 2020 et présidentielle en 2021 pour confirmer la reprise du contrôle du pays par Damas.

Le Comité constitutionnel "est et restera fragile", a convenu vendredi Geir Pedersen.

"C'est un processus difficile" et "il ne faut pas imposer des calendriers" à la Syrie, a réaffirmé l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia.

Le Comité constitutionnel comprend au total 150 membres (50 représentant le régime, 50 l'opposition et 50 la société civile). Il a été créé en janvier 2018 à Sotchi en Russie mais l'ONU avait eu besoin de près de deux ans pour arriver à en définir la composition et son fonctionnement. Sa mission - amender la Constitution actuelle ou en créer une nouvelle - reste imprécise.

Fin octobre, l'émissaire de l'ONU avait estimé que le lancement du Comité constitutionnel était un "signe d'espoir" et de nombreux pays l'avaient alors aussi interprété comme ouvrant la voie à un processus politique pour la Syrie ravagée par près de neuf ans de guerre.

Geir Pedersen, de nationalité norvégienne, est entré en fonctions le 7 janvier 2019. Il a succédé à trois émissaires ayant tous jeté l'éponge au cours de leur mandat face à l'absence de progrès: l'Italo-Suédois Staffan de Mistura, l'Algérien Lakhdar Brahimi et le Ghanéen Kofi Annan (décédé en 2018).