COP21 : dernière ligne droite des négociations pour éviter une "catastrophe climatique"

Environmentalist activists form a human chain representing the peace sign and the spelling out "100% renewable", on the side line of the COP21, United Nations Climate Change Conference near the Eiffel Tower in Paris, Sunday, Dec. 6, 2015.

Il reste cinq jours pour sceller un accord visant à empêcher une réchauffement de plus de 2°C de la planète. Le point le plus litigieux est l'aide financière à apporter aux pays du Sud.

"La catastrophe climatique nous guette (...) et le monde a les yeux rivés sur vous". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté lundi 7 décembre ministres et hauts représentants de 195 pays à sceller l'accord tant espéré sur le climat cette semaine à la conférence de Paris.

"Le monde attend de vous plus que des demi-mesures", a lancé Ban Ki-moon au Bourget, où les ministres de l'Environnement, Energie et Affaires étrangères prennent cette semaine la main sur les négociations, dont nombre de points cruciaux sont encore disputés.

Il reste formellement cinq jours pour sceller l'accord qui devrait permettre d'empêcher un réchauffement de plus de 2°C du globe, par rapport à l'ère pré-industrielle, et l'accélération de ses effets destructeurs, de la fonte des glaciers aux cyclones dévastateurs, déjà constatés.

"D'ici la fin de cette année, nous aurons déjà atteint une hausse de la température globale de 1°C", a rappelé aux délégués le président du groupe d'experts scientifiques sur le climat (GIEC), Hoesung Lee. "Soyez ambitieux et commencez à agir immédiatement", a-t-il insisté.

"Semaine de l'espoir"

Le président de la COP21, le ministre français Laurent Fabius, a proposé un calendrier très serré au cours de cette "semaine de l'espoir".

"Notre temps est très limité", a-t-il constaté, appelant à élaborer "une première vision d'ensemble de l'accord final" dès mercredi, et conclure l'accord jeudi, pour des raisons de traduction et de formulation juridique.

"Le temps des décisions est venu", a-t-il lancé. Les équipes de négociateurs ont remis vendredi une ébauche d'accord, un texte touffu de 48 pages avec de très nombreuses options. Les ministres doivent désormais trancher dans le vif.

"Il y a plutôt une spirale positive (...) rien n'est joué mais le meilleur est encore possible", a estimé lundi matin le conseiller du président François Hollande, l'écologiste Nicolas Hulot.

Le grand acquis de cette conférence est d'ores et déjà d'avoir obtenu de 185 pays, couvrant la quasi-totalité des émissions de gaz à effet de serre, l'annonce de mesures pour limiter la progression, voire réduire, leurs rejets polluants à l'horizon 2025 ou 2030.

Entre 2,7°C et 3,5°C de réchauffement

Pour autant, les émissions de GES continueront globalement à progresser de 22 % entre 2010 et 2030, ce qui met la planète sur la trajectoire d'un réchauffement situé entre 2,7°C et 3,5°C.

L'un des enjeux de l'accord de Paris est de mettre sur pied un mécanisme garantissant une révision tous les cinq ans et à la hausse des objectifs de chaque pays, sachant qu'il faudra faire bien plus - économies d'énergie, développement des énergies renouvelables, lutte contre la déforestation... - et encore plus vite pour espérer rester sous les 2°C.

La date de première révision est un enjeu de taille. Ban Ki-moon a clairement appelé les pays à agir "dès avant 2020". Ce point est très disputé, les pays les plus vulnérables, comme les petites îles du Pacifique, veulent une révision des engagements avant l'entrée en vigueur de l'accord en 2020, d'autres proposent 2025.

"Si nous sauvons Tuvalu, nous sauverons le monde! ", a lancé son Premier ministre, Enele Sosene Sopoaga.

Faut-il aussi demander des efforts de nature différente aux pays développés et à ceux en développement comme l'exige l'Inde notamment, option qui hérisse les Etats-Unis ?

Aide financière aux pays du Sud : le point le plus difficile

"Les pays développés doivent accepter de jouer un rôle moteur et les pays en développement doivent assumer une part croissante de responsabilité, selon leurs capacités", a déclaré Ban Ki-moon.

Tous les engagements des pays restant volontaires, faut-il néanmoins poser une trajectoire ambitieuse pour tous, en se donnant un objectif global chiffré de réduction des GES d'ici à 2050 ? Les pays pétroliers et charbonniers s'opposent eux à toute mention de la fin programmée des énergies fossiles.

Mais le point le plus difficile reste celui de l'aide financière pour aider les pays du Sud à s'engager dans une transition énergétique propre et à s'adapter aux effets du réchauffement, dont ils sont les premières victimes.

Ces derniers exigent des assurances sur le versement promis d'une aide qui atteindra 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, plus de précisions sur la part des fonds publics et privés, la part des dons et des prêts, et surtout que cette somme monte en puissance après 2020.

De leur côté, les pays développés veulent que d'autres Etats mettent désormais la main à la poche, ce qui provoque de fortes frictions.

Avec AFP