Avec sa chanson "Pamela la Brouteuse", le musicien-acteur-danseur belge Greg Duret, alias "DJ Petit Piment", s'est fait un nom en Côte d'Ivoire, où il se produit flanqué de deux danseuses, des jumelles humoristiquement baptisées les "Espelette" (du nom du célèbre piment basque).
25.000 vues de son clip sur Youtube, passage dans les boîtes de nuit et concerts après ou avant les grosses stars ivoiriennes comme DJ Arafat et DJ Kedjevara...
"Vraiment, il fait le buzz, un gros carton en Côte d'Ivoire en ce moment, que ce soit dans les night (clubs), sur les radios et même à la télé bien sûr. Je pense que son +mouvement+ est hyper bien apprécié", analyse Willy Dumbo, animateur à la radio Trace. "Il a eu le nez creux de le lancer en période de vacances, et je pense bien que s'il poursuit encore sur cette lancée-là, ce sera l'un des plus gros cartons de cette fin d'année".
Soutien de stars ivoiriennes
"Il a fait une entrée fracassante sur la scène à l'occasion de l'émission Tempo (RTI, première chaîne ivoirienne) qui est très regardée ici. Il s'est fait remarquer", poursuit Willy à propos de Petit Piment.
Au cours de cette émission enregistrée à Yopougon, grand quartier populaire d'Abidjan, devant plusieurs milliers de spectateurs, "il s'est passé quelque chose", raconte Willy. "Tout le monde a été pris par le truc".
Percussionniste, Greg Duret était initialement venu en Côte d'Ivoire pour composer la musique d'une pièce de théâtre sur la drague africaine dont la mise en scène a été réalisée par la Suissesse Marielle Pinsard.
"Elle m'avait demandé de m'imprégner de la musique ivoirienne et du coupé-décalé", explique Greg Duret, 46 ans. Originaire de la ville belge de Mons, le musicien avait fait quelques voyages en Afrique de l'Ouest sans avoir imaginé y faire carrière.
Très écouté dans les boîtes de nuit, le coupé-décalé est un genre musical au rythme endiablé apparu en Côte d'Ivoire au début des années 2000 et qui s'est disséminé dans toute l'Afrique. "Une des légendes, c'est que l'expression provient des arnaques ivoiriennes +On coupe (on arnaque), on décale (on s'enfuit ou disparaît)", souligne le journaliste Usher Aliman, auteur de "Douk Saga, l'histoire interdite du Coupé-décalé".
"Le soir, dans ma chambre d'hôtel, je composais et j'ai écrit +Pamela+", explique Petit Piment, qui a notamment écumé le quartier d'Abobo, autre grand quartier populaire d'Abidjan d'où sont originaires la plupart des danseurs de son clip mais aussi les célèbres "brouteurs" (arnaqueurs) ivoiriens.
Ces derniers, réputés dans toute l'Afrique, sont connus pour leurs arnaques sur internet, et Abobo est justement considérée comme la "capitale" des brouteurs.
"Pamela la Brouteuse" est une jeune fille dont tombe amoureux le "toubabou" (blanc) et qui le plume tout en le laissant espérer. "Il y a beaucoup d'autodérision", souligne DJ Petit Piment.
Quand il se produit sur scène, les filles crient et hurlent en voyant le DJ se trémousser alors que les hommes rigolent, se moquant de la naïveté du pigeon. Aujourd'hui, quand il se balade à Abobo, des dizaines d'enfants l'entourent en criant "Pamela". Le succès est au rendez-vous.
"C'est un peu un hasard si on a fait un hit. On n'était pas venu pour ça mais l'ambiance est bonne et tout le monde s'amuse", précise Petit Piment, qui a bénéficié de l'appui de deux poids lourds du coupé-décalé ivoirien, Bebi Philip et Shanaka, qui "ont boosté le son".
"+Pamela+ est un coupé-décalé +façon-façon+ avec mon feeling belge, mais ça plaît. Tant mieux, mais je ne vais pas apprendre aux Ivoiriens à faire du coupé-décalé. Ce sont eux qui en ont le secret", ajoute le Belge, qui conclut : "On connaît encore mal la musique électronique africaine en Europe, mais je suis persuadé que ça va venir".
Avec AFP