"Internet est totalement indisponible, sauf à investir dans du matériel satellite qui coûte extrêmement cher", a indiqué l'avocate Julie Owono, responsable Afrique de l'ONG française Internet sans frontières, jointe à Paris mercredi soir par l'AFP. "Dans la durée, c'est la coupure la plus longue sur le continent".
"Internet est toujours coupé dans la ville de Bamenda", a confirmé un enseignant d'univeristé en poste dans la capitale du Nord-Ouest, l'une des deux régions anglophones sur les dix du pays.
"Parfois quand j'ai une urgence, des mails professionnels à envoyer, je suis obligé de me déplacer dans la région voisine de l'Ouest", a-t-il ajouté.
"La coupure internet dans les deux régions anglophones a potentiellement fait perdre 1,35 million de dollars à l'économie du Cameroun", estime Julie Owono d'Internet sans frontières. "Elle risque de creuser le fossé entre anglophones et francophones".
L'organisation a également envoyé une lettre ouverte aux entreprises télécoms pour les encourager à ne pas couper internet :
Proches du Nigeria, les deux régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont secouées depuis novembre par des troubles.
Les leaders de la contestation dénoncent la marginalisation de la minorité anglophone (environ 20% des quelque 22 millions d'habitants du Cameroun) par rapport à la majorité francophone.
Ils réclament le retour au fédéralisme voire l'indépendance pour une minorité d'entre eux.
La coupure internet a été annoncée le 19 janvier par les opérateurs à leurs abonnés dans ces deux régions, alors que le gouvernement avait lancé une campagne contre la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Sur Twitter, une campagne #Bringbackourinternet (rendez-vous notre internet) en faveur des anglophones du Cameroun a reçu le soutien du lanceur d'alerte américain Edward Snowden et de nombreux internautes.
Rien qu'en 2016, internet a été coupé lors d'élections dans plusieurs pays africains (Tchad, Congo, Gabon, Gambie...). Au Gabon, internet avait été totalement coupé pendant quelques jours après le scrutin du 27 août, puis rétabli la journée de 06h00 à 18h00 jusqu'à fin septembre, avant une reprise totale d'activité.