"L'Etat du Sénégal a décidé de fermer les écoles Yavuz Selim", a annoncé sur son compte Facebook vendredi le groupe scolaire visé, dénonçant des pressions du président turc Recep Tayyip Erdogan et conviant les parents d'élèves à une réunion dans la matinée.
"L'Etat du Sénégal a décidé de retirer la gestion du groupe scolaire Yavuz Selim à l'association turque qui assurait sa gestion depuis 1999", a affirmé le ministre de l'Éducation Serigne Mbaye Thiam, cité par l'Agence de presse sénégalaise (APS, publique).
"J'ai appelé personnellement les dirigeants de ce groupe scolaire pour leur notifier cet arrêté", a dit M. Thiam qui s'exprimait jeudi devant les députés.
Ce retrait d'agrément ne signifie pas la fermeture du groupe scolaire, qui dispose au Sénégal de neuf établissements comptant "2.432 élèves et 249 enseignants", selon le ministre.
Ces établissements seront désormais gérés par une Fondation turque, selon la presse locale.
Le groupe scolaire Yavuz Selim est géré par l'association turque Deskent Getim, "liée" au prédicateur Gülen, selon une source au ministère sénégalais de l'Education.
"C'est une décision injustifiée et inopportune que le gouvernement se permet de prendre en pleine année scolaire", a déclaré à l'AFP sous le couvert de l'anonymat un des parents d'élèves participant à la réunion vendredi matin.
Il a déploré "une capitulation" du Sénégal face aux pressions turques et annoncé une saisine de la justice pour "attaquer l'arrêté du ministre" et obtenir "un sursis à exécution" de la mesure.
La Turquie a ces dernières années renforcé ses liens économiques avec le Sénégal, où sont présentes de nombreuses entreprises turques, dont Summa et Limak, qui achèvent les travaux d'un nouvel aéroport international près de Dakar.
Elle a également construit un centre de conférence international, où s'est tenu le 15e sommet de la Francophonie en 2014.
Dès l'échec du putsch du 15 juillet, qu'il accuse Fethullah Gülen d'avoir fomenté, ce que l'intéressé nie catégoriquement, le président Erdogan a lancé une guerre totale contre toutes les écoles et universités du prédicateur, en Turquie et dans 120 pays.
Les pressions ont parfois porté. En Somalie, deux écoles ont été fermées à Mogadiscio dès le lendemain du coup d'État raté. En octobre, les établissements "Citadelle" en Guinée, provisoirement fermés, ont rouvert sous un nouveau nom et après un changement de direction.
Avec AFP