Des milliers de New Yorkais manifestent contre Trump, Ivanka défend son père

Michael Moore , manifestation anti-Trump, Fifth Avenue près de Trump Tower, New York, le 12 novembre 2016.(AP Photo/Mary Altaffer)

De Robert de Niro à Cher en passant par Michael Moore et Alec Baldwin: une brochette de célébrités a manifesté jeudi soir avec des milliers de New-Yorkais, appelés à se mobiliser contre Donald Trump à la veille de son investiture à Washington.

"Va-t-on avoir 100 jours de résistance? Formidable!", a lancé à la foule depuis la scène l'acteur Alec Baldwin, devenu en quelques semaines le plus célèbre caricaturiste du nouveau président américain.

Il l'imite en effet chaque semaine dans la célèbre émission télévisée Saturday Night Live, ce qui lui vaut des tweets rageurs du milliardaire.

Donald Trump "n'a pas de mandat", a argué pour sa part le réalisateur Michael Moore, sa célèbre casquette de baseball vissée sur le crâne. "Nous sommes la majorité. N'abandonnez pas, je n'abandonnerai pas!", a-t-il ajouté, en appelant la foule à résister à toute tentative d'expulsion de clandestins ou de musulmans.

L'investiture de "demain n'est pas la fin, c'est un début (...) nous allons nous battre ensemble!", a affirmé le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, candidat à sa propre réélection en novembre.

"Trump aime à dire qu'il a bâti un mouvement: maintenant c'est à nous de bâtir un mouvement, cela commence ce soir et dans tout le pays", a-t-il poursuivi, en citant la santé, le changement climatique et la défense des sans-papiers parmi les batailles à mener.

La foule - beaucoup d'habitants de Manhattan - applaudissait volontiers, dans une ambiance décontractée, avec un enthousiasme particulier pour De Niro, le héros de "Taxi Driver" que Bill de Blasio a qualifié de "très grand New-Yorkais".

-'Ne pas rester immobiles'-

Partout dans la foule, des pancartes avertissant contre les dangers supposés de l'administration Trump. "Résistez", disait l'une, "Battez-vous chaque jour contre Trump", disait une autre.

"Nous sommes ici parce que nous sentons que nous allons perdre tous les acquis des 50 dernières années: les droits civiques, la liberté d'expression, le droit à la santé, les droits des femmes, les droits des homosexuels, et j'en passe", a expliqué Carol Bay, psychothérapeute, venue avec sa femme Margot.

Cette manifestation "est le symbole que les gens ne vont pas rester immobiles et laisser (les républicains) faire ce qu'ils veulent", a estimé pour sa part Patrick Mavros, un designer du chic quartier de l'Upper West Side. "Nous allons observer et les mettre face à leurs responsabilités".

Selon l'analyste politique Sam Abrams, professeur au Sarah Lawrence College de New York, la métropole américaine, qui a voté à 80% pour Hillary Clinton, pourrait devenir l'une des principales plateformes d'opposition au nouveau président américain.

La rumeur ne cesse d'enfler qui verrait Hillary Clinton briguer la mairie de New York pour prendre la tête de l'opposition au nouveau locataire de la Maison Blanche, même si l'ex-secrétaire d'Etat n'en a elle-même jamais parlé.

Dès après l'élection, Bill de Blasio avait rencontré Donald Trump pour l'avertir que New York défendrait sa tradition d'accueil des immigrés face à ses menaces d'expulsions de plusieurs millions d'entre eux.

Et le ministre de la Justice de l'Etat de New York a indiqué jeudi qu'il fournirait des conseils juridiques à toutes les municipalités de l'Etat pour qu'elles puissent entraver les éventuels efforts d'expulsions des autorités fédérales de l'immigration.

Avec AFP

"Donnez une chance" à mon père, demande Ivanka Trump​

La fille de Donald Trump, Ivanka, a appelé les détracteurs de son père à lui "donner une chance", tout en reconnaissant qu'elle lui conseillait parfois d'arrêter de tweeter.

Interrogée dans une émission de la chaîne ABC diffusée quelques heures avant l'investiture de son père à Washington, la fille préférée de Donald Trump, 35 ans, a reconnu que "le pays est très divisé".

Mais "j'ai vu, toute ma vie, que mon père était un incroyable unificateur. Alors, à chacun de ses détracteurs, je dirais, +donnez lui du temps, laissez-le prendre ses fonctions, laissez-le prouver que vous avez tort+", a-t-elle plaidé, en promettant que le discours d'investiture de M. Trump serait un discours "d'unité et d'optimisme"

Face aux femmes inquiètes de l'arrivée au pouvoir du milliardaire, dont beaucoup prévoient de manifester samedi, elle a aussi assuré qu'il avait "montré toute sa vie son soutien et sa défense des femmes".

Quant à savoir si elle disait parfois à son père, souvent critiqué pour ses innombrables tweets sur tous les sujets, d'arrêter de tweeter, elle a répondu: "Bien sûr, parfois je lui dis de ne pas le faire". Mais elle a aussi souligné que Tweeter était un outil "très puissant" qui lui permettait de "porter directement" son message.

L''ex-mannequin devenue femme d'affaires a aussi jugé "inapproprié" le titre de "véritable Première dame" que lui ont décerné certains médias américains, tant elle est plus visible aux côtés de son père que Melania, la troisième femme du milliardaire.

"Il y a une première dame, et Melania sera une incroyable Première dame, je suis fière d'elle", a assuré Ivanka.

Alors que son mari Jared Kushner - "un être humain remarquable", a-t-elle dit - a été nommé haut conseiller à la Maison Blanche, cette mère de trois jeunes enfants n'a pas exclu de peser elle aussi sur certains dossiers.

"Ma priorité est de déménager à Washington, de voyager à travers le pays, d'écouter et de voir comment je peux avoir une valeur ajoutée positive", a-t-elle expliqué.

Ivanka a par ailleurs assuré que, malgré toute l'acrimonie de la campagne présidentielle et la défaite cuisante d'Hillary Clinton, elle resterait "amie" avec sa fille Chelsea, qui a presque le même âge qu'elle (36 ans).

"Je ne lui pas encore parlé des défis liés à cette nouvelle étape, mais j'en ai bien l'intention", a-t-elle indiqué.

Avec AFP