Début des plaidoiries dans le procès en appel de l’affaire Chebeya

Floribert Chebeya Bahizire, défenseur des droits de l'homme retrouvé mort dans sa voiture, le 2 juin 2010, au lendemain d'une convocation à l'inspection générale de la police

L’annonce a faite par la Haute Cour militaire congolaise où comparaissent les cinq policiers poursuivis pour l’assassinat du défenseur des droits de l’homme.

Selon le président de la cour, le colonel Martin Ekofo, les plaidoiries se tiendront pendant dans deux jours.

Les parties civiles et le ministère public feront leurs plaidoiries lundi et la défense et les avocats de l'État congolais, civilement responsable en cas de dommages et intérêts, le 30 juillet, rapporte l’AFP.

"Nous commençons dès le lundi 27 juillet les plaidoiries des parties", a déclaré le colonel Ekofo.

Les parties civiles estiment pour leur part que "l'affaire n'est pas encore en état" d'être plaidée

"Ce procès ne doit pas être un procès d'amendement" à celui de première instance, qui s'était achevé en 2011, a lancé Me Jean-Marie Kabengela aux juges.

C'est "un procès à part entière, mettez-nous en position de vous faire confiance jusqu'à la fin", a-t-il ajouté, avant d'exiger la comparution du général John Numbi, chef de la police au moment des faits, et considéré par les parties civiles comme le "suspect numéro un" dans le meurtre de Chebeya.

Figure emblématique du combat pour les droits de l'Homme en RDC et fondateur de l'ONG la Voix des sans-voix (VSV), Chebeya a été retrouvé mort le 2 juin 2010, après avoir été convoqué au siège de l'inspection générale de la police pour y rencontrer le général Numbi. Quant au chauffeur de M. Chebeya, Fidèle Bazana, il a disparu après l'avoir déposé à ce rendez-vous, et la justice a conclu qu'il avait lui aussi été assassiné. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Le général Numbi, qui a été suspendu de ses fonctions après le meurtre de Chebeya, a toujours nié avoir convoqué ou rencontré le militant.

En première instance, au terme d'une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l'Homme et plusieurs chancelleries occidentales, quatre policiers ont été condamnés à mort (dont trois par contumace), un autre a été condamné à perpétuité et trois agents ont été acquittés.

Le procès en appel s'est ouvert en juin 2012. En avril, la Cour avait décidé de suspendre les poursuites contre trois policiers condamnés à mort et aujourd'hui en fuite.

L'un d'eux, aujourd'hui en liberté conditionnelle au Sénégal, a mis en cause le général Numbi dans la mort de Chebeya.

Les familles des victimes attendent du procès en appel qu'il fasse toute la lumière sur le double meurtre sur lequel subsiste encore de nombreuses zones d'ombre.