Des dizaines de milliers de manifestants soudanais réclament des réformes

Des manifestants soudanais assistent à une manifestation demandant la nomination de hauts responsables judiciaires et la justice pour les manifestants tués, à l'extérieur du palais présidentiel de Khartoum à Khartoum, Soudan, le 12 septembre 2019.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mardi à Khartoum et dans d'autres villes du Soudan pour réclamer des réformes et que justice soit faite pour les manifestants tués lors du soulèvement populaire en 2019, selon des témoins.

Ces manifestations ont lieu malgré un couvre-feu en vigueur de 15H00 à 06H00 locales (13H00 à 04H00 GMT) sur l'ensemble du territoire soudanais pour limiter la propagation du nouveau coronavirus.

En avril 2019 et après trois décennies au pouvoir, le président Omar el-Béchir a été destitué et arrêté sous la pression du mouvement de contestation inédit qui a duré plus de six mois.

Selon un comité de médecins lié au mouvement, 246 manifestants ont été tués dans la répression, dont une centaine dans la dispersion brutale d'un sit-in devant le QG de l'armée à Khartoum en juin 2019.

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Malgré la destitution de M. Béchir, écarté par les militaires, les Soudanais avaient continué à manifester voyant dans son remplacement par un Conseil militaire un "coup d'Etat".

Mardi, les Soudanais ont manifesté en masse en scandant "Paix", "Justice" et en appelant à "punir" les coupables de la répression, selon des témoins et le correspondant de l'AFP dans la capitale Khartoum.

De Dongola, à 600 km au nord de la capitale, à Nyala, au Darfour (ouest), en passant par Khartoum et Omdourman, sa ville jumelle, les manifestants ont brandi des drapeaux soudanais et réclamé la réalisation des revendications de la "révolution" -meilleures conditions de vie et un pouvoir civil notamment- qui se font attendre.

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"Le sang des martyrs est notre sang", pouvait-on lire sur les pancartes à Nyala.

A Khartoum, un important dispositif de sécurité a été déployé et le centre-ville a été bloqué avec des fils barbelés et des véhicules des forces de sécurité.

"Nous voulons corriger la trajectoire (de la transition) et non faire tomber le régime. Un régime civil!", a crié dans un mégaphone, un jeune homme, acclamé par la foule, dans le quartier de Burri.

A l'origine des manifestations, l'Association des professionnels du Soudan, qui fut le fer de lance de la contestation, ainsi que des partis politiques et des familles de victimes.

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Ensemble, ils ont appelé à une "marche du million" pour marquer l'anniversaire d'une manifestation massive il y a un an pour faire alors pression sur les généraux au pouvoir, réclamer un pouvoir civil et dénoncer la répression.

Depuis août 2019, le Soudan est doté d'un gouvernement de transition formé de technocrates, à la suite d'un accord de partage du pouvoir conclu entre l'armée et les principales figures de l'opposition.

Ce gouvernement chargé d'assurer la transition vers un régime civil, fait face à plusieurs défis dont une économie désastreuse héritée de l'ancien régime. Il négocie en outre avec plusieurs groupes rebelles, notamment ceux du Darfour, pour parvenir à des accords de paix après des années de conflits meurtriers.

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