Des inspecteurs de l’Education nationale décapités dans le Kasaï

Un garçon passe près des ruines de la maison du chef coutumier Kamwina Nsapu tué en août dernier lors des affrontements meurtriers avec les forces de sécurité à Tshimbulu, Kasaï, RDC, 11 mars 2017.

Au moins cinq inspecteurs chargés de superviser l’épreuve nationale du baccalauréat ont été décapités dans le village de Munkonde, confirment dans une interview à VOA Afrique le coordonnateur provincial de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ).

"Jusque-là, au moins trois corps ont été découverts et identifiés comme ceux des inspecteurs", indique l’avocat Me Adrien Ilobakuey.

Il confirme l'information car son beau-père figure parmi les victimes. "Un deuil est en ce moment-même organisé au domicile de mon beau-père ", précise Me Ilobakuey.

L’incident s’est passé dimanche dans le village de Mukonde, selon lui.

Sosthène Kambindi, journaliste sur place, affirme, pour sa part, avoir recueilli le témoignage d’un rescapé, un directeur d’école qui accompagnait les inspecteurs, mais qui a réussi à s’échapper quand le véhicule transportant les inspecteurs et les malles des épreuves a été intercepté par des miliciens Kamwina Nsapu.

Les deux sources soutiennent que des scènes de décapitation ont lieu quasi quotidiennement dans la zone depuis un moment.

Un des deux experts de l’ONU tués dans la zone avait également été décapité.

Quelques temps plus tard, une quarantaine de policiers ont aussi été décapités, selon le gouvernement.

Certains de ces cas de décapitation sont filmés ou photographiés au moyen de téléphone, précisent les sources.

Début avril, le gouvernement a remis à la famille régnante du groupement de Tshimbulu, la dépouille du chef coutumier et chef de la milice tué en août dernier. Un nouveau chef coutumier a été désigné, mais les violences se poursuivent.

Les miliciens qui exigeaient la remise du corps, présentent d’autres revendications.

Pour eux, Félix Tshisekedi fils du leader l’opposition décédé en février, doit être nommé Premier en application de l’Accord politique du 31 décembre dernier.

M. Kambindi explique que la milice s’est répandue à travers la région du Grand Kasaï et dépasse actuellement le cadre du seul groupement ethnique Kamwina Nsapu.

"Ils (les miliciens) ne se reconnaissent pas du nouveau chef qui a pourtant lancé un appel à la paix", indique le journaliste.

Quant à l’accroissement du nombre de décapitation, M. Kambindi estime qu’"il s’agit d’une pratique liée à une certaine croyance mystico-religieuse des miliciens qui croient augmenter en puissance et en même temps venger leur maître, Kamwina Nsapu" tué en aout par les forces de sécurité pour avoir appelé à la révolte contre le gouvernement.

"Actuellement, ce qui se fait, c’est en fait du règlement des comptes. Quand on ne s’entend pas avec quelqu’un, on va vite chercher les miliciens qui viennent rendre justice et ils décapitent le plus souvent sans aucune autre forme de procès", affirme pour sa part M. Ilobakuey.

Pour raison d’insécurité, l’enrôlement pour les élections n’a pas pu avoir lieu dans la région.

Selon l’ONU, au moins 40 charniers ont été découverts dans la région du Kasaï consécutifs aux violences qui y prévalent.