Des partisans de Tshisekedi s’opposent au retour de la dépouille de leur leader à Kinshasa au 11 mars

Lors d'une cérémonie à Bruxelles, des personnes se sont réunies pour rendre un dernier hommage à Etienne Tshisekedi, en Belgique, le 5 février 2017.

Des partisans du leader dune bonne frange de l’opposition congolaise décédé le 1er février 2017 à Bruxelles, ont érigé quelques barricades et manifesté mercredi devant leur parti pour protester contre l’accord entre la famille d’Etienne Tshisekedi et les autorités de rapatrier la dépouille au 11 mars et de l’enterrer dans un cimetière ordinaire dans la capitale congolaise.

Les manifestants, jeunes militants dans leur majortié, ont brûlé des pneus, scandé des slogans hostiles au président Joseph Kabila et à la famille Tshisekedi qu'ils accusent d'être de connivence avec le pouvoir.

Ils ont demandé à Félix Tshisekedi, le fils du vieil opposant, d'annuler ce programme de rapatriement de la dépouille avant la conclusion de l'accord politique, en menaçant de perturber les funérailles.

"Le rapatriement de la dépouille n'est pas une urgence", a vociféré Mfumu Sabata, un militant radical, "c'est l'application de l'accord qui garantira des obsèques apaisées".

"Il s'agit d'une date (le 11 mars) à titre indicatif", avait indiqué auparavant le ministre de l'Intérieur provincial de Kinshasa, Emmanuel Akweti. Selon lui, il appartient au "constructeur du site" d'enterrement de communiquer la date de la fin des travaux aux autorités de la ville et à la famille en vue de la détermination de la date définitive de mise à terre.

"Nous sommes maintenant obligés de rediscuter avec le pouvoir car nous ne pouvons pas la sourde oreille à ces revendications de la base. La jeunesse qui manifeste, ne veut pas entendre de l’enterrement au cimetière de la Gombé", a expliqué à VOA Afrique, Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), parti de Tshisekedi.

Selon lui, la manifestation a même empêché la tenue d'une réunion pour la désignation du successeur de M. Tshisekedi à la tête de la plate-forme de l'opposition, le Rassemblement.

La famille et l’UDPS ont accepté que M. Tshisekedi soit enterré provisoirement enterré au cimetière de la Gombe mais attendent qu’un endroit soit trouvé plus tard pour la construction d’un mausolée sur une place publique.

Mardi, la télévision publique a montré le gouverneur de la capitale congolaise effectuant une visite d'inspection des travaux de construction du lieu où sera enterré l'opposant dans un cimetière désaffecté du quartier huppé de Gombe, promettant que les travaux vont "s'achever dans 15 jours".

Mercredi à la mi-journée, un photographe de l'AFP à qui l'accès au site a été interdit, a constaté que les travaux étaient encore à l'étape d'abattage des arbres.

- Leadership contesté -

Emblématique et populaire, M. Tshisekedi est entré en dissidence contre le régime de Mobutu en 1980, avant de s'opposer à ses successeurs, Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), puis son fils Joseph Kabila.

Depuis son décès, les discussions sur l'application de l'accord du 31 décembre sur la mise en place d'un mécanisme de cogestion du pays avant une éventuelle élection présidentielle sont au point mort.

Le "Rassemblement" avait exigé la nomination d'un nouveau Premier ministre et l'investiture de son gouvernement avant le rapatriement de la dépouille, tandis que la majorité a conditionné la reprise des négociations sur l'application de l'accord de cogestion à l'organisation préalable de "funérailles dignes" pour M. Tshisekedi.

M. Kabila, par l'intermédiaire des évêques catholiques, a demandé au "Rassemblement" de choisir un remplaçant à M. Tshisekedi. Ce dernier devrait lui présenter ensuite trois candidats pour le poste de Premier ministre, mais le fils de l'opposant défunt Félix Tshisekedi est déjàprésenté par certains comme le candidat naturel à la Primature.

Le leadership de Félix Tshisekedi est déjà boudé par "des héritiers idéologiques" au sein de l'UDPS. Et au Rassemblement, coalition hétéroclite dont Tshisekedi constituait le dénominateur commun, les opposants sont "incapables" de s'accorder sur un nouveau meneur.

Lundi, les évêques ont invité pouvoir et opposition à "ne pas bloquer" le processus "par des manoeuvres dilatoires et par des intransigeances irréalistes".

"Les politiques de tous bords ne sont pas prêts pour aller aux élections", estime Philémon Mwamba, professeur des Sciences politiques à l'Université de Kinshasa, ajoutant que "tant que la rue ne les poussera pas, on pourra rester là pendant quelques années".