Démission du Premier ministre dans le cadre d'un accord politique en RDC

Le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo lors d'une réunion avec son homologue belge à Bruxelles, Belgique, le 24 juin 2014.

Augustin Matata Ponyo a annoncé sa démission pour permettre la nomination d'un chef de gouvernement issu de l'opposition en application d'un accord sur le report de la prochaine présidentielle en République démocratique du Congo.

"J'ai déposé ma démission du Premier ministre ainsi que des membres de mon gouvernement (...) pour répondre à l'esprit et à la lettre de l'accord" passé le mois dernier avec une frange minoritaire de l'opposition, a déclare Augustin Matata, à la sortie d'une audience auprès du président Joseph Kabila.

La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection du président Kabila en 2011 au terme d'un scrutin contesté. La crise a été aggravée par le report de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin 2016. Le mandat du président Kabila, au pouvoir depuis 2001, expire le 20 décembre et la Constitution lui interdit de se représenter.

Mais le pouvoir et une minorité de l'opposition ont conclu, le 18 octobre dans le cadre d'un "dialogue national", un accord prévoyant le report de l'élection à une date indéterminée, au plus tôt fin 2017. Le document prévoit aussi la formation d'un gouvernement d'unité nationale dirigé par une personnalité issue de l'opposition.

Vital Kamerhe, chef de la délégation de l'opposition au dialogue national, est donné favori pour succéder à M. Matata dans ce cadre.

Après avoir été reçu par le président Kabila, M. Kamerhe a déclaré à l'AFP que la nomination du Premier ministre était "imminente" et que la formation du nouveau gouvernement interviendrait "dans six ou sept jours maximum".

Interrogé pour savoir quelle personnalité de l'opposition serait désignée, il a répondu que "cette tâche relevait du président Kabila".

'Etat de la nation'

Ce dernier s'adressera à la nation mardi devant le Congrès, a déclaré pour sa part Aubin Minaku, chef de la majorité et président de l'Assemblée nationale. Un communiqué de la présidence lu à la radio-télévision nationale a précisé que l'adresse du chef de l'État porterait "sur l'état de la nation".

"Le Rassemblement peut rejoindre le train à tout moment. Nous restons ouverts", a ajouté M. Kamerhe en référence à la coalition regroupant la majeure partie de l'opposition autour de l'opposant historique Étienne Tshisekedi.

Le Rassemblement rejette l'accord du 18 octobre, soutenant que M. Kabila doit quitter son poste à la fin de son mandat pour respecter la Constitution.

La coalition d'opposition a organisé des manifestations les 19 et 20 septembre où 53 personnes ont perdu la vie, selon l'ONU.

Sur VOA Afrique, le Cordonnateur de Filimbi a déclaré que ce changement de gouvernement n'aura "aucun effet positif sur la crise politique". Floribert Anzuluni a rappelé que le noeud du problème reste le départ du président Joseph Kabila le 20 décembre prochain à la fin de son deuxième mandat". Après cette date, M. Kabila sera considéré comme "putchiste", a précisé Floribert Anzuluni.

Your browser doesn’t support HTML5

Floribert Anzuluni joint par Eric Manirakiza

Lors d'une visite ce weekend à Kinshasa, une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté les acteurs congolais à oeuvrer pour "une transition pacifique en vue d'élections apaisées".

Enfin, M. Matata a estimé qu'au terme de quatre ans et demi à la tête du gouvernement congolais, "le travail que nous avons abattu est très appréciable et nous pouvons dire que le bilan est globalement positif".

"Du point de vu macro-économique nous avons enregistré des performances inédites en termes de stabilité de taux de change, même si au cours des derniers mois il y a eu [des] soubresauts liés notamment à la crise internationale", a-t-il dit.

En une année, le taux de change du franc congolais a décroché de 30% par rapport au dollar entrainant une poussée d'inflation pénalisant davantage une population vivant largement dans une grande pauvreté.

Avec AFP