En 1921, sous la pression de Coubertin, le CIO avait accordé le même jour les JO-1924 à Paris et ceux de 1928 à Amsterdam, promettant ceux de 1932 à... Los Angeles.
Trois ans après la fin de la Première guerre mondiale, l'Europe se remet difficilement d'un conflit destructeur. Les premiers JO de la paix retrouvée se tiennent à Anvers en 1920 mais la question est de savoir où se tiendront ceux de 1924. Les membres du CIO sont partagés et le baron Pierre de Coubertin, qui a relancé les Jeux modernes en 1896, est dans l'expectative.
Le 17 mars 1921, il adresse aux membres une lettre dans laquelle il annonce son intention de démissionner après les JO-1924 "et leur demande un dernier privilège: organiser les Jeux à Paris, sa ville natale", rappelle le journaliste Alain Lunzenfichter dans son ouvrage "Et le flambeau traversa le globe".
"Je ferai appel à vous afin qu'en cette grande circonstance vous me consentiez le sacrifice de vos préférences et de vos intérêts nationaux et que vous acceptiez d'attribuer la IXe olympiade (JO-1928, ndlr) à Amsterdam et de proclamer Paris siège de la VIIIe", écrit Coubertin dans cette lettre.
"C'était le coup d'Etat dans toute sa beauté", reconnaît plus tard le baron dans ses "Mémoires olympiques". "Et même il était double puisqu'il s'agissait d'enchaîner l'avenir pour les deux Olympiades, décision que rien n'empêchait le CIO de prendre, mais qui ne l'avait jamais été".
Le 2 juin 1921, les JO-1924 sont attribués à Paris. Une heure plus tard, la désignation d'Amsterdam est un peu plus compliquée, notamment du fait des Américains dont les espoirs sont repoussés à 1932. En avril 1923, la cité californienne, unique candidate, obtient gain de cause et est désignée par le CIO.
Comment ne pas dresser un parallèle avec le projet actuel de son successeur Thomas Bach, qui pour "éviter trop de perdants", envisage un double vote lors de la 130e session du CIO en septembre à Lima ? Pour creuser cette proposition, il a constitué un groupe de travail, composé des quatre vice-présidents du CIO, qui présentera ses propositions aux membres du CIO en juillet prochain à Lausanne.
La manœuvre de 1921 peut-elle se répéter en 2017 ? La double attribution "est possible, si les villes ne s'y opposent pas", répond le Suisse Jean-Loup Chappelet, professeur à l'Université de Lausanne et grand spécialiste du Mouvement olympique. "Le président obtient en général ce qu'il veut ou alors il ne le propose pas !"
Avec AFP