En Tunisie, entretien au sommet de l'Etat au sujet du gouvernement d'union

Le président tunisien Beji Caid Essebsi decore les membres de la garde présidentielle, morts dans une attaque à la bombe, à Tunis, le 25 novembre 2015.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi et le Premier ministre Habib Essid se sont entretenus lundi du gouvernement d'union nationale proposé par le chef de l'Etat, une initiative qui agite la scène politique depuis plusieurs jours.

Les deux responsables ont examiné "la situation générale dans le pays", "la proposition d'un gouvernement d'union nationale" et "la nécessité de garantir toutes les raisons de son succès", selon un bref communiqué de la présidence.

Face aux critiques contre le gouvernement, accusé d'inefficacité alors que le pays est en difficulté, M. Caïd Essebsi a proposé la semaine dernière la formation d'un cabinet d'union nationale, à condition qu'il inclue la centrale syndicale UGTT et l'organisation patronale Utica.

Le Premier ministre s'est dit prêt à quitter son poste "si l'intérêt du pays l'exige", et sa démission fait depuis l'objet de nombreuses spéculations.

L'UGTT a de son côté d'ores et déjà refusé de participer à un gouvernement d'union nationale car "gouverner n'est pas notre mission", a répété lundi à la radio privée Shems FM Sami Tahri, son secrétaire général adjoint. Mais "il faut un changement" et le syndicat participera aux discussions sur sa formation, a-t-il ajouté.

Le président du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi, première force au Parlement, a évoqué "un choc psychologique positif" à propos de cette initiative.

La proposition "est dans la droite ligne de (...) la politique du consensus et nous avons depuis longtemps appelé à un gouvernement d'union nationale", a-t-il déclaré dimanche soir sur la chaîne privée Nessma.

Premier ministre depuis février 2015, Habib Essid a déjà procédé à un large remaniement en janvier, face aux nombreuses critiques sur la gestion économique et sécuritaire du pays.

La Tunisie a réussi la transition démocratique née de sa révolution de 2011, en particulier grâce au dialogue national mené en 2013 par un quartette dont faisaient partie l'UGTT et l'Utica, lauréats du prix Nobel 2015.

Mais le pays ne parvient toujours pas à relancer son économie et a connu en janvier sa pire contestation sociale depuis 2011. La Tunisie a en outre été frappée par une série d'attaques jihadistes sanglantes.

Avec AFP