L'Eglise est confrontée à une crise interne depuis la création en janvier d'un nouveau synode en Oromia, la région la plus grande et la plus peuplée d'Ethiopie. Les dirigeants de l'Eglise orthodoxe tewahedo éthiopienne, qui représente environ 40% des quelque 115 millions d'Ethiopiens, ont déclaré ce schisme illégal.
Lire aussi : Arrestation de l'ex-président de la région somali en EthiopieLe patriarche Abune Mathias a accusé le clergé dissident d'avoir illégalement occupé des lieux de culte, appelant le gouvernement à prendre des mesures pour protéger "des églises et bâtiments administratifs légalement reconnus".
Dans un communiqué mercredi, il a reproché au Premier ministre d'avoir offert une forme de reconnaissance au "groupe illégitime" désormais excommunié. Plus tôt cette semaine, en conseil des ministres, M. Abiy, lui-même issu de la communauté oromo, avait invité au dialogue les deux parties, toutes deux porteuses selon lui de "sa propre vérité".
"Le gouvernement ne devrait pas s'immiscer dans les affaires religieuses et canoniques de l'Eglise", a tancé le patriarche. Les évêques dissidents dénoncent la discrimination de l'Eglise d'Ethiopie, affirmant que les offices en Oromia ne se font pas en langue oromo.
Les relations entre l'Eglise d'Ethiopie et le gouvernement d'Abiy Ahmed s'étaient détériorées à la faveur de la guerre au Tigré, qui a opposé à partir de novembre 2020 les autorités dissidentes de cette région du nord au pouvoir fédéral du Premier ministre.
Le patriarche Abune Mathias, lui-même originaire du Tigré, avait vivement critiqué le gouvernement en mai 2021, l'accusant de vouloir "détruire le Tigré" et déplorant les dégâts causés aux célèbres monastères orthodoxes de la région, ainsi que les massacres perpétrés sur des terres appartenant à l'Église.
Un accord de paix a depuis été signé, en novembre 2022, entre le gouvernement et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).
Mais des affrontements se poursuivent en Oromia, qui abrite de longue date la rébellion de l'Armée de libération oromo (OLA), fer de lance du nationalisme oromo qui se nourrit du ressentiment croissant de la population locale envers Addis Abeba et le Premier ministre.