Alain Juppé, ancien Premier ministre écarté au deuxième tour de la primaire de la droite "ne se défilera pas si les conditions sont remplies : il faut que François Fillon se retire de lui-même et que sa famille de la droite et du centre, Les Républicains, soit unanimement rassemblée derrière lui", a fait savoir son entourage.
"Alain Juppé n'est pas un putschiste, il ne poussera jamais (François) Fillon dehors et il n'est à l'initiative d'aucun complot", a assuré la même source à l'AFP. M. Juppé, 71 ans, avait jusqu'ici démenti être prêt à revenir dans la course à la présidentielle d'avril-mai.
François Fillon, bientôt 63 ans, doit faire face à de nombreuses défections dans son équipe de campagne et à de nombreux appels au retrait lancés dans son camp depuis l'annonce mercredi de sa probable mise en examen dans l'affaire des salaires perçus par son épouse Penelope et ses deux enfants comme assistants parlementaires.
Son porte-parole Thierry Solère, qui figurait parmi les soutiens les plus fidèles, a annoncé vendredi matin sa démission. Le "compte des lâcheurs" tenus par le quotidien Libération listait plus de 70 noms vendredi à la mi-journée.
"Il ne peut plus être candidat, parce qu'il ne peut plus mener une campagne sur le fond pour défendre des idées et un idéal républicain et démocratique", a estimé vendredi l'ancien Premier ministre Dominique Villepin, en écho des critiques qui s'élèvent à droite et au centre depuis que le candidat conservateur a annoncé sa prochaine convocation chez les juges en vue d'inculpation.
L'ancien favori de la présidentielle a reculé en troisième position dans les sondages derrière la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et le centriste Emmanuel Macron, ancien ministre du président socialiste François Hollande dont la popularité a connu un essor inattendu ces derniers mois avec son projet d'inspiration social-libérale.
Alain Juppé arriverait en revanche légèrement en tête au premier tour s'il était le candidat de la droite, selon un sondage Odoxa-Dentsu consulting publié vendredi.
- 'Règle de loyauté' -
La prise de position prudente du maire de Bordeaux représente un pas en avant pour celui qui s'est jusqu'à présent tenu à une "règle de loyauté" vis-à-vis du candidat conservateur. Même si certains médias évoquent un possible feu vert de l'ancien président Nicolas Sarkozy, candidat malheureux à la primaire de la droite, sur cette option, il restait difficile de voir clair, vendredi, sur la position exacte des sarkozystes qui doivent se réunir mardi matin pour discuter du sujet.
La pression judiciaire s'est accentuée sur François Fillon, avec une perquisition jeudi à son domicile parisien. Convoqué chez les juges le 15 mars prochain, il a répété avec force jeudi soir sa détermination de rester dans la course en se décrivant comme "un combattant" devant des militants chauffés à blanc. Samedi, il a prévu de présenter son programme lors d'une réunion publique en banlieue de Paris.
La décision de se maintenir ou pas relève de sa seule décision, après son ample victoire à la primaire de la droite. Et vu la gravité de la situation, son possible remplaçant ne sera "plus un plan B mais un sauveur", soulignait vendredi un membre du parti Les Républicains.
Mais le temps presse, car les 500 parrainages d'élus locaux nécessaires pour formaliser une candidature alternative doivent être rassemblés avant le 17 mars. Pour l'instant, Alain Juppé a recueilli un seul parrainage d'élu alors que François Fillon en a déjà 1.155, selon la liste publiée vendredi par le Conseil constitutionnel, qui supervise le processus.
Dimanche après-midi, les proches de Fillon organisent un grand rassemblement de soutien à Paris. Son succès - ou son échec - permettra de mesurer sa capacité à mobiliser. Guy Roy, militant de 82 ans dans l'ouest de la France, sera présent. "Ceux qui le lâchent sont tout simplement des ventres mous. Il est lâché par les politiques mais il y a toujours autant de monde à ses meetings", a-t-il assuré à l'AFP.
Une contre-manifestation contre la corruption des élus et "pour le respect du peuple, de la justice et de la presse" est également prévue dimanche à Paris.