Au QG de Ping, un journaliste accusé de collusion avec le pouvoir se fait mettre dehors

Jean Ping, candidat de l'opposition à la présidentielle du 27 août 2016 au Gabon, 24 mars 2011.

Un journaliste de la chaîne publique très proche du pouvoir, Gabon Télévision, a été violemment pris à partie et exfiltré vendredi du QG de Jean Ping où des opposants accusent le régime de mentir sur le nombre de victimes dans la crise post-électorale.

"Collabo", "Enfoiré": casquette sur la tête, le journaliste Jean-Raoul Mbadinga a été insulté et bousculé dès son apparition dans la cour du QG à Libreville où plusieurs centaines de personnes attendaient un discours de Jean Ping.

Il a été raccompagné sous escorte vers l'extérieur de l'enceinte. "Je n'ai rien. Je viens là comme je viens chez Bongo. Je suis journaliste", a-t-il expliqué à des confrères.

Les partisans de M. Ping accusent Gabon Télévision et Gabon24 de mentir ou de ne rien dire sur le "vrai bilan" des violences qui ont suivi la réélection contestée d'Ali Bongo le 31 août.

Ces troubles ont fait trois morts, selon le ministre de l'Intérieur, un chiffre contesté par M. Ping, pour qui "les morts s'ajoutent aux morts".

"D'ores et déjà, nous exigeons l'ouverture d'une enquête internationale, qui ferait toute la lumière sur les violences de ces derniers jours et particulièrement sur ces morts dont le nombre devient effrayant", a déclaré le rival d'Ali Bongo dans sa déclaration devant plusieurs centaines de ses partisans.

"De sources très crédibles, on nous rapporte qu'il existe un centre frigorifique à Oloumi (banlieue de Libreville) où sont cachés des corps, une fosse commune dans l'enceinte de la Cité de la démocratie, sans oublier (la société de pompes funèbres) Gasepga qui refuse désormais les corps", a-t-il avancé, sans aucune preuve.

L'AFP dispose du témoignage d'une famille qui a retrouvé le corps d'un parent amené par le Samu (service médical d'urgence) dans la morgue Gasepga vendredi, officiellement "ramassé" dans le quartier PK5, à la sortie de Libreville.

Prosper Mesmain Nang Alongo, 42 ans, marié, six enfants, maçon, a été déposé à la morgue à 02h15 du matin dans la nuit du 31 août au 1er septembre, affirme la famille, selon qui le corps présentait un impact de balle à la tête, mais qui ignore toujours les circonstances exactes de sa mort.

Avec AFP