Gabon : délibéré le 13 juillet dans le procès pour diffamation d'un journaliste et d'un syndicaliste

Un journaliste et un syndicaliste gabonais, arrêtés et poursuivis pour "diffamation" envers un magistrat, ont été jugés jeudi, et la décision du tribunal mise en délibéré au 13 juillet, a appris l'AFP auprès de leur avocat.

"La délibération du procès se fera le 13 juillet", a déclaré à l'AFP par téléphone Me Bibangoyi, avocat du journaliste Juldas Biviga et du syndicaliste Marcel Libama, qui s'est dit "confiant" dans la décision à venir du tribunal de Tchibanga (sud-ouest).

"Il faudrait pouvoir démontrer qu'il y a eu diffamation" envers le procureur, a relevé l'avocat.

M. Biviga, de la radio locale Massanga, a été arrêté le 17 juin et inculpé de "complicité de diffamation par voie de presse" après la diffusion d'une interview du syndicaliste Marcel Libama, arrêté le 15 juin alors qu'il s'était rendu au procès d'un autre syndicaliste désormais libre.

L'interview avait été réalisée avant l'arrestation de M. Libama, poursuivi pour "diffamation par voie de presse" et "entrave à la justice".

Selon les associations Tournons la page et Survie qui ont appelé dans un communiqué à la "libération immédiate" des deux prévenus, le journaliste "aurait refusé de censurer (un) passage" de l'interview jugée diffamatoire par le procureur.

Fin mars, le gouvernement du Gabon avait décidé d'interdire les activités de la confédération de syndicats d'enseignants de la "Conasysed", à laquelle appartient M. Libama.

La Conasysed est à l'origine, avec d'autres syndicats, d'un vaste mouvement de grève dans l'enseignement depuis fin 2016 qui a fortement perturbé l'année scolaire au Gabon. Ses membres ont appelé à soutenir M. Libama en boycottant les examens de fin d'année qui se sont finalement déroulés sans problème majeur au Gabon.

La société civile et l'opposition dénoncent également les détentions du cyber-activiste Landry Amiang, détenu depuis son retour des États-Unis mi-août, et de l'ancien député Bertrand Zibi Abeghe, arrêté le 31 août pour "trouble à l'ordre public". La détention préventive au Gabon est de six mois pour les délits et d'un an pour les crimes.

Dix mois après la réélection contestée d'Ali Bongo face à son rival Jean Ping - qui se proclame toujours "président élu" -, le Gabon est traversé par des tensions sociales et politiques, qui s'ajoutent à des difficultés économiques avec la chute des prix du pétrole.

Avec AFP