Changements à la tête de l’armée en Gambie

Ousman Badjie, l’ancien chef de l’armée gambienne sera muté dans une des représentations gambiennes à l'étranger.

Le général Ousman Badjie a été limogé de son poste de chef de l'armée en Gambie par le nouveau président Adama Barrow, qui fait le ménage parmi ceux qui étaient à la tête d'institutions redoutées durant le régime de son prédécesseur, Yahya Jammeh.

Avant le général Ousman Badjie, le président Barrow avait mis fin la semaine dernière aux fonctions de Yankuba Badjie, qui était chef de l'Agence nationale du renseignement (NIA) rebaptisée "Service de renseignements d'Etat", et de David Colley, qui dirigeait le système pénitentiaire.

Le limogeage du général Ousman Badjie avait été décidé vendredi mais n'avait fait, jusqu'à lundi, l'objet d'aucune communication publique, a indiqué à l'AFP une source militaire.

Le général Massaneh Kinteh, auparavant conseiller militaire spécial du président Barrow, "est maintenant le nouveau chef des armées de Gambie. Il a remplacé le général Ousman Badjie" qui occupait ce poste depuis 2012, a précisé la même source. Le général Badjie sera muté dans une des représentations gambiennes à l'étranger et il "attend encore de savoir où il sera affecté".

Son limogeage a été confirmé à l'AFP par une source gouvernementale.

Ousman Badjie était considéré comme un pilier du pouvoir de Yahya Jammeh, qui a dirigé pendant plus de 22 ans la Gambie d'une main de fer. Ce régime a régulièrement été accusé par des ONG et des diplomates de violations systématiques des droits de l'Homme, accusations que M. Jammeh a toujours rejetées.

Yahya Jammeh a été battu par Adama Barrow à l'élection présidentielle du 1er décembre 2016. Une semaine après avoir annoncé qu'il acceptait les résultats, il a fait volte-face et a contesté sa défaite, plongeant la Gambie dans une crise à rebondissements.

Après d'intenses pressions diplomatiques et militaires, M. Jammeh a accepté de céder le pouvoir à M. Barrow et a quitté la Gambie le 21 janvier pour la Guinée équatoriale.

Entre-temps, M. Barrow avait prêté serment le 19 janvier à l'ambassade gambienne à Dakar, où il était accueilli par crainte pour sa sécurité. Il a regagné le 26 janvier Banjul, où il a été accueilli par une foule en liesse.

Le nouveau chef de l'armée, Massaneh Kinteh, retrouve un poste qu'il a déjà occupé de 2009 à 2012. Il avait été remplacé à la tête de l'armée par le général Ousman Badjie, puis nommé ambassadeur à Cuba.

Sa nomination marque le début de changements attendus dans l'armée gambienne, selon de nombreux observateurs.

L'ex-chef de l'armée gambienne s'était révélé versatile ces derniers mois.

Cet officier, qui arbore souvent des talismans au cou et aux poignets, s'est régulièrement déclaré loyal à Yahya Jammeh, y compris durant la crise électorale.

Dans un message publié le 4 janvier, il avait réaffirmé le "soutien inébranlable" de ses forces au président Yahya Jammeh, alors sous fortes pressions pour quitter le pouvoir.

Il avait ensuite fait un revirement durant les derniers jours de la crise et prêté allégeance à Adama Barrow, peu avant le départ en exil de M. Jammeh.

Et le 19 janvier, peu après la prestation d'Adama Barrow, le général Badjie s'était joint à la foule de supporteurs du nouveau président manifestant leur joie dans la rue. Un journaliste de l'AFP l'avait vu à Westfield, un faubourg de la capitale considéré comme un bastion anti-Jammeh, marquer l'événement au milieu de grappes de jeunes en liesse.