Affluence timide pour les législatives en Gambie

Un bureau de vote lors de l'élection présidentielle à Banjul, en Gambie, le 1er décembre 2016.

Les Gambiens ont voté pour désigner leurs nouveaux députés, premier scrutin depuis le départ de Yahya Jammeh, suscitant l'espoir d'un rééquilibrage des pouvoirs après 22 ans de toute-puissance de l'exécutif mais marqué par une participation faible.

Un peu plus de 886.000 électeurs, sur quelque 2 millions d'habitants, étaient appelés à choisir leurs parlementaires parmi 238 candidats issus de neuf partis politiques ou de listes indépendantes, un record de candidatures, selon la Commission électorale (IEC).

Les opérations de vote se sont déroulées comme prévu de 08H00 à 17H00 locales (et GMT), les bureaux "ont tous fermé maintenant", a déclaré à l'AFP Manneh Sallah, vice-président de l'IEC, joint par téléphone jeudi soir.

Le décompte des voix a commencé aussitôt après et les premiers résultats étaient attendus dans les prochaines heures, d'après la commission électorale.

Aucun incident n'a été signalé mais l'affluence a été timide dans plusieurs lieux de vote, d'après des journalistes de l'AFP, des observateurs électoraux et l'IEC elle-même.

"La participation sera quand même faible" par rapport aux précédents scrutins parlementaires, a dit M. Sallah, précisant que les législatives enregistrent habituellement peu d'affluence aux urnes.

Pour le Gambien Ousman Addo, observateur électoral pour une ONG internationale interrogé par l'AFP devant un bureau de vote, la forte abstention peut s'expliquer par un sentiment de défaite annoncée chez des militants du parti de Yahya Jammeh, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC).

Il évoque aussi une indécision des sympathisants de la majorité autour du nouveau président Adama Barrow, qui "ont eu peu de temps pour se familiariser" avec le nouveau paysage politique.

En Gambie, pays anglophone enclavé dans le territoire sénégalais hormis sa façade atlantique, le Parlement monocaméral compte 58 députés: 53 élus et cinq nommés par le président pour un mandat de cinq ans.

Yahya Jammeh est parti en exil en Guinée équatoriale en janvier, à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne pour le forcer à céder le pouvoir.

Déclaré battu de moins de 20.000 voix par Adama Barrow, candidat d'une large coalition, à l'élection présidentielle du 1er décembre après plus de 22 ans de pouvoir sans partage, il a contesté pendant six semaines sa défaite.

- "Démocratie fraîchement acquise"

Un des principaux enjeux des législatives devrait être de mesurer la capacité de l'APRC à surmonter son départ, ainsi que le poids respectif des partis de la coalition, qui se présentent séparément à ce scrutin.

"Le seul moyen pour nous, Gambiens, de consolider notre démocratie fraîchement acquise est d'élire des personnes compétentes pour nous représenter au Parlement et faire du programme de réforme du gouvernement une réalité", a confié une électrice, Fatou Suwareh.

"Nous votons pour ceux qui faciliteront le retour de notre héros", a affirmé un autre, Omar Bojang, se disant clairement pro-Jammeh.

Le ministre des Affaires étrangères Ousainou Darboe, chef du Parti démocratique unifié (UDP), principale formation d'opposition au régime de Jammeh, s'est dit confiant dans les chances des 44 candidats de l'UDP, parti auquel appartenait Adama Barrow avant d'en démissionner pour représenter la coalition contre Yahya Jammeh.

"Il n'y a pas de division" au sein du gouvernement et "chacun est libre d'exercer ses droits dans ce pays", a assuré M. Barrow après avoir voté.

Le nouveau chef de l'APRC, Fabakary Tombong Jatta, a prédit de bons résultats pour son parti, présent dans 29 circonscriptions, jugeant le bilan des débuts de l'administration Barrow "plein d'échecs dans tous les domaines". Selon lui, beaucoup ont réalisé "que l'APRC avait apporté un développement sans précédent au pays".

Mais entre l'APRC et une coalition désunie, le Congrès démocratique de Gambie (GDC), la formation de Mama Kandeh, arrivé en troisième position à l'élection présidentielle, pourrait tirer son épingle du jeu, selon des analystes.

"Quand la coalition s'est disloquée, il a fallu choisir chacun un parti", a témoigné Yaisa Jawara, une électrice du GDC.

En 2012, l'APRC avait remporté une victoire écrasante aux élections législatives, boycottées par la majeure partie de l'opposition.

L'Union africaine et la Cédéao - dont les troupes sont toujours présentes à la demande de M. Barrow - ont également envoyé des observateurs.

Avec AFP