"Vous savez qu’on a augmenté le prix de la farine nous sommes aussi obligés d’augmenter le prix du pain", telle est la réponse laconique d’un gérant d’une boulangerie dans le quartier populaire de Mvog-Mbi à Yaoundé, face à un client surpris par le nouveau prix de la baguette de pain.
"Avant, nous achetions la farine à 19.500 Fcfa le sac et maintenant [le prix] monte déjà à 25.000, voire 26.000 le sac de 50 kg. Voilà pourquoi le pain qu’on vendait à 125 francs coûte maintenant 150 francs CFA", explique Jean Claude Tagne le gérant de la boulangerie.
Au coin d’une ruelle du quartier Mvog Ada, dans le 4ème arrondissement de la capitale, Issa vend les beignets de farine de blé.
"Nous sommes obligés de diminuer la grosseur des beignets, on a commencé avec un nouveau sac de farine de 25 kg, et on ne sait pas quel sera notre marge bénéficiaire, si on n’a pas grand-chose, on va encore diminuer la taille des beignets", confie à VOA Afrique ce jeune pâtissier qui redoute déjà l’incidence de l’augmentation du produit sur ses bénéfices.
Prix salé pour le sucre
La hausse concerne plusieurs produits de première nécessité. Depuis le 14 mars dernier, la société sucrière du Cameroun a revu le prix du sac de 50 kg de sucre blond qui coûte maintenant 29.800 francs CFA dans les trois régions de la partie septentrionale et 28.750 à Yaoundé. Avant cette inflation galopante, il coûtait 27.750 francs CFA. Pour le président de la ligue camerounaise des consommateurs Delors Magellan Kamgaing Kamseu, "c’est une augmentation factice et illégale".
"Il n’y’a que le gouvernement camerounais, conformément à la loi de 2015 régissant les activités commerciales à travers le ministère du Commerce, qui a le droit d’augmenter les prix des produits de grande consommation, y compris du pain, du sucre, [et ce], après discussion avec les parties prenantes, à savoir les producteurs et les représentants des consommateurs. S’il n’y a pas eu homologation préalable du gouvernement, c’est illégal", renchérit Delors Magellan Kamgaing.
Consommateurs paniqués
Les consommateurs disent être pris dans un engrenage suite à l'inflation dont la cause serait la crise entre l’Ukraine et le Russie. "Il faut que le gouvernement essaie aussi de faire que le Camerounais moyen puisse bien vivre", suggère un fonctionnaire à la retraite.
Marie Claire, ménagère, vit cette situation autrement. "C’est tellement difficile. La ration qu’on donne ne suffit pas, et ça crée des tensions dans les foyers", se plaint-elle.
"Les prix ont augmenté drastiquement; et ce qui est étonnant, c’est qu'on se demande même si nos autorités s’en rendent compte. Entre temps les salaires n’ont pas changé", lance tout furieux, Paul Eric Mbida, la cinquantaine révolue.
Le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a annoncé que, "la crise en Ukraine aura des impacts au Cameroun car 50% des importations de blé dépendent de la Russie et de l’Ukraine".
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