HRW dénonce des exécutions extrajudiciaires dans l'est Libyen

Le maréchal libyen Khalifa Haftar, chef des forces armées des autorités parallèles basées dans l'est du pays, lors d’une conférence de presse à Amman, Jordanie, 24 août 2015.

Human Rights Watch (HRW) a dénoncé mercredi des exécutions extrajudiciaires dans l'est de la Libye sous le contrôle de forces fidèles au maréchal controversé Khalifa Haftar.

Les corps de 36 personnes exécutées par balle avaient été découverts fin octobre près de Benghazi (est).

Un responsable local des services de sécurité avait indiqué à l'AFP que les corps appartenaient à des jihadistes présumés, dont 19 de nationalités étrangères.

Le maréchal Haftar avait aussitôt promis une enquête pour identifier et arrêter les auteurs de ce "crime", et déterminer si les victimes avaient été emprisonnées par ses forces ou pas.

"Les promesses de l'Armée nationale libyenne (ANL, auto-proclamée) de mener des enquêtes sur les homicides illégaux répétés dans les zones sous son contrôle dans l'est de la Libye n'ont pas abouti jusqu'ici", a déclaré Eric Goldstein, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

Se basant sur des témoignages de proches des victimes, HRW affirme dans son communiqué que "des groupes armés loyaux à l'Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée par Haftar) "semblent avoir exécuté sommairement des dizaines d'hommes" dans la région d'Al-Abyar, près de Benghazi.

"Des proches de six des victimes ont déclaré à HRW que les hommes avaient été arrêtés à différentes dates par des groupes armés fidèles à l'ANL à Benghazi ou dans d'autres zones contrôlées par l'ANL".

"Cet incident intervient après une série d'homicides extrajudiciaires et d'exécutions sommaires à Benghazi amenant le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à délivrer en août un mandat d'arrêt contre un commandant des forces spéciales de l'ANL".

Cet officier, Mahmoud Al-Werfalli, est accusé d'être impliqué dans au moins sept incidents en 2016 et 2017, au cours desquels il aurait lui-même tiré sur des civils ou des combattants blessés, ou ordonné leur exécution.

Les forces loyales à Haftar avaient alors indiqué que l'officier était déjà en état d'arrestation et serait jugé par un tribunal militaire.

"Les hauts commandants de l'armée qui n'agissent pas résolument pour arrêter les violations flagrantes dans les zones sous leur contrôle, et ne demandent pas de comptes aux responsables, devraient faire l'objet de poursuites pénales pour complicité dans des crimes de guerre", a déclaré M. Goldstein cité par le communiqué.

La Libye est déchirée par des conflits entre milices et deux autorités se disputent le pouvoir dans le pays: d'un côté le gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale et basé à Tripoli, de l'autre une autorité qui exerce son pouvoir dans l'est du pays avec le soutien du maréchal Haftar et de l'ANL.

Avec AFP