"Je démissionne pour protester contre les atteintes croissantes à la liberté de la presse. Je démissionne en signe de solidarité avec les voix qui ont été réduites au silence. Je démissionne parce que nous devons vivre avec nos convictions", a écrit M. Cheeseman sur son compte Twitter.
Dans un communiqué commun, les huit chroniqueurs ont mis en exergue plusieurs incidents ces dernières années qui tendent à remettre en cause l'indépendance de NMG.
Cela comprend le renvoi d'un rédacteur en chef après un éditorial très critique à l'égard du président Uhuru Kenyatta, ou le non renouvellement du contrat du très populaire caricaturiste Gado, souvent très caustique envers le gouvernement.
Le mois dernier, NMG a aussi congédié le directeur de sa station de télévision NTV, Linus Kaikai, après qu'il eut dénoncé la collusion entre les différents propriétaires de médias et le gouvernement à l'occasion de l'investiture symbolique en janvier du chef de l'opposition Raila Odinga, qui estime avoir remporté l'élection présidentielle de 2017.
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NTV et deux autres chaînes avaient été interdites de diffusion pendant une semaine pour avoir tenté de couvrir cette cérémonie d'investiture. Elles n'avaient repris leurs programmes que sur décision de justice.
"Une tendance inquiétante est apparue: il semble que l'exécutif est capable d'influencer qui travaille ou contribue à NMG", reprend le communiqué.
"Censurer des chroniqueurs individuels témoigne d'une intolérance pour les avis discordants et d'une volonté de l'exécutif d'utiliser n'importe quel moyen pour réaliser son objectif, y compris en cooptant des rédacteurs en chef", ajoute-t-il.
Le Nation media group a réagi dans un communiqué, notant "avec regret la position prise par les chroniqueurs".
"Nous avons honoré nos obligations en respectant leurs points de vue sans aller à l'encontre de leur position, sauf pour corriger des erreurs basiques".
NMG est le principal groupe de presse en Afrique de l'Est, avec des médias fonctionnant au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda.
La dernière élection présidentielle kényane en 2017 a été marquée par l'annulation d'un premier scrutin, entaché d'irrégularités, puis par un deuxième exercice boycotté par l'opposition.
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Le président sortant Kenyatta a été réélu avec 98% au terme de cette présidentielle en deux temps marquée par des violences politiques qui ont fait au moins 92 victimes, la plupart tuées par la police, selon les organisations de défense des droits de l'Homme.
MM. Odinga et Kenyatta ont pris une étonnante initiative au début du mois, en se serrant la main en public et en promettant d’œuvrer de concert pour réconcilier le pays.