Idriss Deby pointe le faible rendement de l’administration publique au Tchad

Le président Idriss Deby Itno du Tchad à Berlin, 12 octobre 2016.

Les fonctionnaires travaillent peu et le rendement de l’administration est très faible au Tchad, s’est plaint le président Déby dans son discours lors de la promulgation de la constitution de la 4ème République.

Désormais la semaine de travail passera de 37 à 40 heures. Ceci pour contraindre les travailleurs à une obligation de résultat.

Les fonctionnaires tchadiens habitués au long week-end seront soumis à un autre rythme de travail. Pour amorcer le développement du Tchad, ils doivent s’acquitter de leur tâche quotidienne avec dévouement et abnégation, estime Idriss Déby Itno, chef de l’Etat tchadien.

Pour lui, un réaménagement s’impose pour augmenter le temps de travail.

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Brahim Ben Seïd, secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs du Tchad, N’Djamena, 20 janvier 2018. (VOA/André Kodmadjingar)

"La durée hebdomadaire de travail qui est de 37 heures aujourd’hui est un luxe pour un pays comme le Tchad. Nous sommes tous astreints à travailler plus pour tenir les paris de développement. L’obligation de résultat doit être la règle d’or de notre administration… ", a déclaré le président Deby.

Désormais, les agents de l’Etat doivent travailler 6 jours sur 7 c'est-à-dire du lundi au samedi et non 4 jours et demi comme ce fut le cas.

Pour Michel Barka, président de l’Union des Syndicats du Tchad, par ailleurs porte-parole de la plateforme syndicale revendicative, le problème de l’administration tchadienne, c’est le manque d’organisation.

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"Les nominations à des postes de responsabilité sont des nominations politiques. Si ce n’est pas politique, c’est basé sur le népotisme. Si ce n’est pas le népotisme, c’est sur la corruption. Deuxièmement, les conditions dans lesquelles les gens travaillent aujourd’hui ne peuvent pas donner un rendement important. Les gens sont parfois dans l’obscurité, ils travaillent sous une température de 45 degré. Autant d’éléments qui nous amènent à dire simplement à M. Déby : avec ces gens-là, même s’il nous donne 50 heures, il n’y aura pas un rendement’. Aujourd’hui, le problème réside dans l’organisation du travail. Ce n’est pas le nombre d’heures de travail… ", souligne M. Barka.

Si le président Déby a besoin d’un rendement meilleur, il doit dépolitiser l’administration tchadienne en générale et le ministère de l’Education nationale en particulier, estime pour sa part Blaise Mbairiss Ngartoidé, secrétaire général du syndicat des enseignants du Tchad pour la commune de N’Djamena.

"On a tout politisé. Tu peux être un cancre, mais quand tu es dans un parti allié et qu’on te propose, on te nomme. Vous prenez un agent qui est du ministère de l’Education nationale, qui a évolué dans la carrière, s’il est nommé vous pouvez attendre de lui un résultat. Mais quand on nomme les gens pour qu’ils aillent manger, vous pouvez imposer 100 heures (de travail) mais le Tchad n’avancera pas… ", met en garde M. Mbairiss.

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Le secrétaire général de la Confédération libre des travailleurs du Tchad, Ben Seïd Brahaim fustige la discrimination dans le traitement salarial à l’origine de ce faible taux de rendement de travail à la fonction publique.

"Aujourd’hui, vous avez un doctorat, vous êtes professeur, vous avez une maîtrise, vous avez une licence, vous avez presque le même salaire ce qui n’est pas normal. Il y a de découragement total. Aujourd’hui, la plupart des travailleurs tchadiens sont stressés", soutient M. Brahaim.

Un agent d’une institution étatique qui est proche de la retraite confie à VOA Afrique que son chef de service a le même âge de naissance que le temps qu’il a passé au service de l’Etat.

"Dans ces conditions, quelle obligation de résultat l’Etat peut-il attendre de moi ? ",se plaint l’agent malheureux.