Témoignages des Ivoiriens rapatriés de Libye

Des immigrants ivoiriens descendent de l'avion, à Abidjan, le 20 mars 2017. (VOA/ Narita Namasté)

La Côte d'Ivoire a évacué plus de 150 de ses ressortissants bloqués en Libye après des tentatives de traversée de la Méditerranée pour gagner l'Europe.

Parmi les Ivoiriens volontairement rapatriés, Fatoumata est heureuse de pouvoir retrouver son pays natal mais sa joie n’est pas totale parce qu’elle n’a aucune nouvelle de son frère cadet et de son époux.

Ces clandestins investissent des millions de francs CFA pour affronter la mort au quotidien. 151 parmi eux ont été rapatriés volontairement de la Libye.

Write YoLa Côte d’Ivoire suit de près la vie de ses ressortissants où qu’ils se trouvent. Chaque fois que nous saisis par des Ivoiriens qui sont dans une situation de détresse, le président de la République nous donne les moyens pour faire rapatrier nos compatriotes, Nous l’avons fait pour ceux qui étaient pris dans le piège de la guerre en Centrafrique. Nous savions qu’il y en a davantage en Libye, mais le rapatriement se fait de façon volontaire",
explique Aly Coulibaly Ministre de l’Intégration Africaine et des Ivoiriens de l’Étrangers. ur Quote Here ...

Tous aspirent à une vie meilleure. La porte de la Libye est devenue l’une des principales routes pour atteindre l’Europe par la Méditerranée. Pourquoi les Ivoiriens risquent-ils autant leurs vies ?

Au premier trimestre de l’année 2017, la Côte d’Ivoire enregistre plus de 800 migrants illégaux arrivés en Italie et selon les autorités italiennes, on estime aujourd’hui à plus de 11.000 le nombre d’Ivoiriens qui ont traversé la Méditerranée depuis la fin de l’année dernière.

Sont-ils tous des Ivoiriens ? Diawara Yves Mocktar, 20 ans, est jeune footballeur qui rêve d’évoluer dans une équipe en Angleterre. Pour cela, il a investi plus de 2.000 dollars pour atteindre ses objectifs.

"L’objectif d’un Ivoirien qui joue au football, c’est aller évoluer au moins dans un club européen. L’argent pris en compte pour voyager vaut 1,3 millions CFA", affirme M. Mocktar.

Un autre migrant rapatrié soutient avoir combattu auprès de la rébellion armée ivoirienne mais il n’a pas été enrôlé comme ses amis pour intégrer les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI). Alors, il lui semblait plus que nécessaire de prendre la route de l’aventure.

Des enfants sont comptés parmi les immigrants retournés de la Libye, à Abidjan, 24 mars 2017. (VOA/ Narita Namasté)

"Je suis sorti de la Côte d’Ivoire en mars 2014. Je suis allé en Algérie pour tenter une aventure parce que j’ai une famille à prendre en charge. J’étais dans le mouvement FSI. Depuis la guerre de 2011, j’étais avec les jeunes frères, on a combattu ensemble. Ils ont eu leur matricule, le mien n’est pas sorti. Vu que j’étais au pays comme ça à rien faire, je faisais mon petit commerce. Des que j’ai eu l'argent, je suis parti pour l’Algérie. De là, je suis parti pour la Libye. Nous qui avons combattu nous n’avons rien eu. Ceux-là qui n’ont rien fait ont eu leur matricule, ils se promènent avec des gallons. Vous pensez que je vais rester à les regarder ?", explique l’ancien combattant.

La misère des migrants, ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne est souvent loin de se terminer après leur entrée clandestine en Libye.

Beaucoup de femmes parmi les immigrants retournés de la Libye, à Abidjan, 24 mars 2017. (VOA/ Narita Namasté)

Ils sont pourchassés par la police libyenne. Leurs biens et maisons sont souvent détruits lors des opérations de la police comme Soumahoro Fatoumata mère de deux enfants. Elle a passé trois mois dans une des prisons à Tripoli avec son bébé de 6 mois souvent privé de nourriture et d’eau.

Je suis sorti de la Côte d’Ivoire en mars 2014. Je suis allé en Algérie pour tenter une aventure parce que j’ai une famille à prendre en charge. J’étais dans le mouvement FSI. Depuis la guerre de 2011, j’étais avec les jeunes frères, on a combattu ensemble. Ils ont eu leur matricule, le mien n’est pas sorti. Vu que j’étais au pays comme ça rien faire, je faisais mon petit commerce. Des j’ai eu mon argent, je suis parti pour l’Algérie. De là, je suis parti pour la Libye. Nous qui avons combattu nous n’avons rien eu. Ceux-là qui n’ont rien fait ont eu leur matricule, ils se promènent avec des gallons. Vous pensez que je vais rester a les regarder ?"
un ancien combattant.

Fatoumata est bien heureuse de retrouver son pays natal mais sa joie n’est pas totale parce qu’elle n’a aucune nouvelle de son frère cadet et de son époux.

"Ils ont cassé toutes les maisons là-bas. J’ai cherché partout, je ne retrouve pas mes frères, mon mari non plus. J’ai trois mois là-bas en prison avec mon enfant. C’est après la prison que je suis rentrée ici. Mais je ne suis pas totalement contente car je ne connaît rien du sort de mon frère et de mon mari", se plaint Mme Fatoumata.

Comme elle, la plupart de migrants revenus de la Libye chacun avec sa petite histoire laissent la joie se lire sur le visage.

C’est le cas de la sœur ainée du jeune footballeur Diawara qui a accueilli son frère chez elle. Elle ne cache pas sa satisfaction.

La Côte d’Ivoire avec un taux de croissance qui avoisine les deux chiffres (9%° voit de plus en plus sa jeunesse prendre la route de la mort par la méditerranée pour améliorer leurs conditions de vie le gouvernement ivoirien n’entend pas les abandonner.

"La Côte d’Ivoire suit de près la vie de ses ressortissants où qu’ils se trouvent. Chaque fois que nous saisis par des Ivoiriens qui sont dans une situation de détresse, le président de la République nous donne les moyens pour faire rapatrier nos compatriotes, Nous l’avons fait pour ceux qui étaient pris dans le piège de la guerre en Centrafrique. Nous savions qu’il y en a davantage en Libye, mais le rapatriement se fait de façon volontaire", explique Aly Coulibaly Ministre de l’Intégration Africaine et des Ivoiriens de l’Étrangers.

En fin 2016, le gouvernement ivoirien annonçait que la Côte d’Ivoire occupait la 4eme place dans le classement des pays pourvoyeurs de migrants clandestins.

Reportage de Narita Namasté à Abidjan pour VOA Afrique