L'incertitude planait vendredi à Kinshasa sur les chances de conclusion dans la journée d'un accord politique permettant de trouver une sortie de crise en République démocratique du Congo avant la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre.
Les négociations qui se sont ouvertes le 8 décembre sous l'égide de la Conférence des évêques catholiques du Congo (Cenco) sont censées s'achever vendredi, selon le calendrier défini par les prélats.
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Le but de ce dialogue est de trouver un compromis sur la mise en place d'une période de transition politique devant mener à la tenue de la présidentielle.
Cette élection devait avoir lieu cette année mais n'a pas été organisée. Elle doit permettre la désignation d'un successeur à M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter.
Les détracteurs de M. Kabila l'accusent depuis des mois d'avoir orchestré le report de la présidentielle, de chercher à se maintenir au pouvoir par tous les moyens et pour cela d'envisager de changer la Constitution comme l'ont fait plusieurs présidents du voisinage de la RDC.
Fidèle à sa réputation de taiseux, le chef de l'État, au pouvoir depuis 2001 et âgé de 45 ans, ne dévoile rien de ses projets, si ce n'est, dans son dernier discours public mi-novembre, sa volonté de se maintenir en poste après le 20 décembre jusqu'à l'élection de son successeur.
Le dialogue arbitré par la Cenco met aux prises deux délégations. La première regroupe des représentants de la majorité et d'une frange minoritaire de l'opposition ayant signé en octobre un accord renvoyant la présidentielle au plus tôt à avril 2018 et prévoyant jusque-là un partage de l'exécutif entre M. Kabila et un Premier ministre issu de l'opposition.
L'autre délégation regroupe les opposants à cet accord, essentiellement rassemblés autour d'Étienne Tshisekedi, figure historique de l'opposition congolaise, âgé de 84 ans.
Jeudi soir, selon des participants aux négociations, des progrès avaient été enregistrés sur la question de la date et de l'organisation de la présidentielle, mais l'impasse persistait sur celle de l'avenir politique de M. Kabila et de l'étendue des pouvoirs devant être les siens pendant la transition.
- Dans l'antichambre du président -
Alors que les deux camps soufflent le chaud et le froid avec des déclarations tantôt maximalistes tantôt conciliantes, l'Église a voulu se montrer encore optimiste vendredi matin.
"Les évêques ont échangé avec M. Tshisekedi cette nuit", a déclaré à l'AFP l'abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Cenco, pour qui ces échanges ont été "positifs".
Selon l'abbé Nshole, les prélats "ont sollicité une audience auprès du président Kabila", ce qui a été confirmé dans l'entourage du chef de l'État.
Vers 12H30 (11H30 GMT), ils attendaient d'être reçus par le président au Palais de la Nation avant de revenir "présider la grande plénière" devant déboucher sur la signature d'un accord, a ajouté le prélat.
La RDC n'a connu aucune alternance démocratique depuis son indépendance de la Belgique en 1960. État-continent de quelque 70 millions d'habitants au coeur de l'Afrique, le Congo (ex-Zaïre) a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et la communauté internationale craint que le pays ne plonge dans une nouvelle spirale de violence faute d'accord politique.
Depuis 2013, plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans des violences à caractère politique à Kinshasa et dans plusieurs villes du pays.
M. Tshisekedi et ses alliés ont menacé d'appeler à des manifestations sur tout le territoire à partir de lundi jusqu'à ce que le chef de l'État quitte le pouvoir. Cet appel à manifester contre M. Kabila est pour l'heure suspendu au résultat des négociations en cours.
L'opposition ne semble cependant pas avoir mobilisé ses troupes outre mesure en vue de manifestations. Signe néanmoins d'une certaine fébrilité des autorités, le gouvernement a demandé jeudi aux opérateurs internet de filtrer ou couper les réseaux sociaux à compter de 23h59 dimanche.
"Qu'on ait des garanties (sur la date des élections et le fait que M. Kabila ne cherchera pas à briguer un nouveau mandat) et nous irons parler au peuple parce que de vrais défis commencent après le 19 décembre", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti de M. Tshisekedi.