La natation a dominé la première semaine, avec un Phelps stratosphérique, et l'athlétisme phagocytera la seconde, avec un Bolt tout aussi ambitieux : il y aura bien un air de passation de pouvoir entre deux sports et deux monstres sacrés.
Phelps, 31 ans, est très occupé : il a une carrière à finir. Depuis une semaine, il avait épuisé ce que le dictionnaire olympique compte de superlatifs en remportant toutes ses courses.
Mais même les plus grands peuvent baisser le pied. "Mon corps souffre", avait-il admis la nuit précédente. Et il a été battu.
Il n'a pu faire mieux que 2e derrière Joseph Schooling, qui a surpris le monde entier en offrant à Singapour la première médaille d'or olympique de son histoire.
A 31 ans, Phelps s'est tout de même offert sa 27e récompense olympique. Il doit s'aligner samedi soir sur le relais 4X100 m quatre nages. Un final de grande classe pour un nageur qui ne reviendra plus.
"Etre capable de terminer dans ce sport comme je le voulais, c'est quelque chose qui me rend heureux", a-t-il déclaré.
Dans les bassins, il disposait à Rio d'une solide alter ego. Katie Ledecky a triomphé sur le 800 m nage libre en humiliant ses adversaires et en effaçant des tablettes le record du monde de la distance avec un ébouriffant 8 min 04 sec 79/100e. Elle s'offre au passage le triplé 200-400-800 m.
Les favoris assurent
De fait, la plupart des grands favoris n'ont pas tremblé.
Le champion du monde et champion olympique en titre de judo poids lourds, le Français Teddy Riner, a conquis sans surprise sa deuxième médaille d'or et étoffé un palmarès exceptionnel. "Il est déjà en course pour Tokyo" et les JO de 2020, a prophétisé son compatriote et aîné David Douillet, ancienne légende du judo dont Riner a brillamment repris le flambeau.
Le Britannique Bradley Wiggins et ses coéquipiers de la poursuite par équipes, eux, ont accompagné l'or d'un record du monde sur les 4 kilomètres. Et même Rafael Nadal a fait le job : qualifié pour les demi-finales en simple, il s'est offert le titre olympique en double avec Marc Lopez.
Mais désormais, c'est vers le tartan que les regards se tournent. Bolt s'aligne sur les séries du 100 m avec une pression à la fois sportive et politique.
Il a annoncé sa volonté de rééditer pour la troisième fois le triplé (100, 200 et 4X100), un exploit jamais réalisé. De quoi comptabiliser neuf médailles d'or en tout, et rejoindre le Finlandais Paavo Nurmi et l'Américain Carl Lewis au rang des sportifs les plus titrés de l'histoire des Jeux en athlétisme.
Mais il doit aussi défendre la beauté de son sport, face notamment à l'Américain Justin Gatlin, deux fois suspendu durant sa carrière. Il a purgé un total de cinq ans à l'écart des tartans et ne doit la poursuite de sa carrière qu'à la mansuétude de la lutte antidopage dans le passé.
Au regard de l'exclusion des athlètes russes suite au rapport McLaren sur le dopage d'Etat en Russie, sa victoire contre Bolt jetterait un froid polaire sur une discipline fragilisée comme jamais par le dopage.
'Claire comme le cristal'
Vendredi, l'Ethiopienne Almaz Ayana a explosé de 14 secondes le record du monde du monde du 10.000 m, vieux de 23 ans. Les doutes n'ont pas traîné. "Je prie beaucoup et Dieu me donne tout. Mon dopage, c'est mon entraînement et ma foi. Je suis claire comme le cristal", a-t-elle justifié.
Samedi, les dames seront encore à l'honneur mais sur la ligne droite. A la recherche d'un troisième titre d'affilée sur 100 m, la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce devra se méfier de Dafne Schippers, arrivée des épreuves combinées il y a deux ans après y avoir acquis force et résistance. Mais un titre du 100 m féminin n'est plus venu en Europe depuis 1980. Et encore, les Jeux de Moscou avaient été boycottés par les Etats-Unis...
Sur la distance cent fois plus longue, le Britannique Mo Farah tentera de rééditer le doublé de Londres (5.000 et 10.000) face aux Kenyans et aux Ethiopiens.
Une deuxième journée d'athlétisme somptueuse, que le Comité international olympique aimerait pouvoir apprécier sans nouveau dossier de dopage. Car depuis les début des Jeux, le sujet est sur toutes les lèvres.
Le Tribunal administratif du sport (TAS), plus haute autorité juridique du sport mondial, a confirmé l'exclusion de trois athlètes contrôlés positif. Et nul ne semble croire que ces cas-là soient les derniers de la compétition.
Avec AFP