Kinshasa appelé à "empêcher" l'extradition d'un journaliste burundais

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L'organisation Reporters sans frontières (RSF) lance cet appel aux autorités congolaises.

RSF demande à Kinshasa d’"empêcher" l'extradition d'un journaliste burundais détenu à Kinshasa depuis octobre pour "des raisons sécuritaires".

"Nous demandons aux autorités congolaises d'empêcher ce transfert et de libérer Egide Mwemero immédiatement", écrit Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, dans un communiqué. Pour RSF, le journaliste "serait en grand danger s'il était renvoyé vers son pays d'origine".

Egide Mwemero avait été arrêté le 13 octobre à Uvira, une ville située à la frontière du Burundi, à une centaine de kilomètres au sud de Bukavu. Il a été transféré le 5 novembre à Kinshasa pour "l'éloigner de la frontière", avaient justifié les autorités locales.

Selon la direction de la radio Le Messager du Peuple, qui émet à Uvira, ville voisine de la capitale burundaise Bujumbura, Egide Mwemero collaborait à une émission quotidienne sur le Burundi en kirundi (langue du Burundi parlée également au Sud-Kivu). Sa diffusion sur les ondes de cette radio communautaire sans préférence politique affichée avait commencé début octobre.

Les autorités provinciales avaient justifié son arrestation par des "raisons sécuritaires", accusant la radio de propager "des propos qui menacent sérieusement la paix au Burundi".

Egide Mwemero travaillait auparavant à la RPA, la radio la plus écoutée du Burundi. Accusée par le pouvoir d'être une radio d'opposition, elle avait été fermée fin avril et avait réémis brièvement en mai pendant le putsch manqué contre le président Pierre Nkurunziza. Ses installations avaient ensuite été détruites par les forces loyalistes. La quasi-totalité de ses journalistes vivent aujourd'hui en exil.

Le Burundi a plongé dans une grave crise politique émaillée de violences depuis l'annonce fin avril de la candidature de M. Nkurunziza à un troisième mandat qui, selon l'opposition, la société civile et jusqu'à une partie de son propre camp, viole la Constitution et l'Accord d'Arusha ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006). Depuis la réélection de M. Nkurunziza en juillet, les violences se sont renforcées.

Avec AFP