L'Aléna a dopé les échanges commerciaux mais aggravé les inégalités

Le traité de libre-échange nord-américain (Aléna), dont la renégociation démarre mercredi à Washington, a largement stimulé les échanges commerciaux entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, mais a accentué les inégalités entre les pays.

- L'Aléna, qu'est-ce que c'est? -

L'Aléna, entrée en vigueur le 1er janvier 1994, a défini une vaste zone de libre-échange de 478 millions d'habitants formée par les États-Unis, le Canada et le Mexique.

L'accord, qui avait été précédé dès 1989 par l'ALE (accord de libre-échange entre le Canada et les Etats-Unis), a progressivement supprimé la plupart des tarifs douaniers pour les marchandises certifiées d'origine. Il a aussi éliminé les barrières aux investissements, permettant aux entreprises de s'installer plus facilement dans les deux autres pays signataires.

C'est seulement en 2008 que les derniers droits de douane ont été totalement supprimés, même si certaines marchandises font exception, comme le bois de construction, source récurrente de conflit entre le Canada et les Etats-Unis depuis plusieurs décennies.

- L'Aléna en données chiffrées -

Avec la suppression des tarifs douaniers, les échanges commerciaux ont explosé en aggravant les déséquilibres entre le Mexique et les Etats-Unis, avec l'avantage pour les trois pays d'avoir augmenté les volumes d'exportations et la création d'emplois.

Sur les 15 premières années de l'accord, près de 40 millions d'emplois ont été créés, dont 25 millions aux Etats-Unis, selon l'Aléna.

Les exportations mexicaines vers les Etats-Unis ont été multipliées par plus de sept entre 1993 et 2016, et par moins de trois vers le Canada.

Le solde commercial des Etats-Unis avec le Mexique est passé d'un excédent de 1,6 milliard de dollars à la veille de l'Aléna à un déficit supérieur à 64 milliards, selon les chiffres officiels américains.

Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial du Mexique: 80% des exportations mexicaines, essentiellement des biens manufacturiers et agricoles, leur sont en effet destinées.

Le Canada est à la fois le plus grand client des Etats-Unis et le plus grand fournisseur d'énergie des Etats-Unis. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont doublé sous cet accord.

Selon les données américaines, en 2016, le commerce entre les deux pays a atteint 635 milliards de dollars, représentant près de deux milliards de biens et services traversant quotidiennement la frontière canado-américaine.

Le Canada achète plus de biens américains que des biens venant de Chine, du Japon et du Royaume-Uni réunis (267 mds USD contre 234 mds).

En 2016, les importations américaines de biens canadiens se sont élevées à 313 milliards de dollars US. L'excédent commercial en biens et service des Etats-Unis avec le Canada s'est élevé à 8 milliards de dollars.

Les Etats-Unis sont les plus importants investisseurs au Canada (la moitié de tous les investissements en 2015).

Enfin, environ neuf millions d'emplois américains dépendent du commerce et des investissements avec le Canada.

- Structure des échanges Mexique-USA -

Les délocalisations vers le Mexique ont modifié la structure des échanges américano-mexicains. Des biens à haute valeur ajoutée sont exportés par les Etats-Unis vers le Mexique, mais aussi importés depuis ce pays comme des ordinateurs et de l'électronique.

Montrés du doigt par le président Trump, les constructeurs automobiles américains ou de matériels de transport les assemblent bien souvent du côté mexicain de la frontière.

Les échanges de produits agricoles ou agro-alimentaires sont équilibrés entre les deux pays, et à peine déficitaires pour le textile et l'habillement.

- Etats-Unis et Canada toujours plus riches -

Le Mexique a pu créer des emplois avec l'Aléna et accueillir des entreprises américaines et canadiennes comme les constructeurs automobiles ou aéronautiques, mais sa richesse nationale a augmenté moins vite que chez ses partenaires.

Le produit intérieur brut mexicain ramené par habitant a été multiplié par 1,6 entre 1993 et 2015, selon la Banque Mondiale. Cet indicateur de richesse a plus que doublé tant aux Etats-Unis qu'au Canada.

Avec un PIB par tête d'environ 9.000 dollars en 2015, le Mexique se trouve loin derrière le Canada (43.300) et les Etats-Unis (56.115).

Avec AFP