Le CNSP réhabilite l'ex-putschiste Amadou Sanogo, uniforme et médailles à l'appui

Le chef de l'ex-junte malienne Amadou Haya Sanogo parle à des journalistes au camp militaire de Kati, près de Bamako, Mali, le 31 mars 2012.

Le général malien Amadou Sanogo, meneur d'un coup d'Etat en 2012, a effectué mardi une apparition publique remarquée lors de cérémonies sous les auspices de l'actuelle junte.

Le général Sanogo, encore en prison il y a huit mois sous le président Ibrahim Boubacar Keïta aujourd'hui déchu, a pris place à la tribune officielle en uniforme d'apparat, casquette à feuilles d'or, fourragère et médailles, pour suivre la parade donnée à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance.

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Très souriant, en lunettes noires, il a serré de nombreuses mains, devisé avec bon nombre d'officiers et s'est prêté à des selfies avec certains d'entre eux.

Amadou Sanogo, alors obscur capitaine, avait pris le 21 mars 2012 la tête de soldats entrés en mutinerie contre l'incapacité du gouvernement à arrêter l'offensive dans le Nord de rebelles Touareg et l'afflux de jihadistes en provenance des pays voisins.

Les mutins avaient chassé le président Amadou Toumani Touré, à deux mois de la fin de son mandat. Le nord était alors rapidement tombé sous la coupe des jihadistes dont les agissements se sont depuis étendus au centre et aux pays voisins.

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Sous la pression internationale, la junte avait fini par céder le pouvoir à des autorités civiles intérimaires. Elu président en 2013, Ibrahim Boubacar Keïta avait élevé Amadou Sanogo au rang de général quatre étoiles, promotion largement considérée comme politique, faisant de lui l'un des plus hauts gradés du pays.

Mais, fin 2013, Amadou Sanogo avait été arrêté pour son implication présumée dans la mort de 21 membres d'une unité d'élite, les "Bérets rouges", retrouvés dans un charnier. Opposés au coup de force de mars 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté un contre-putsch un mois plus tard.

Ouvert fin 2016 pour assassinats, le procès d'Amadou Sanogo et d'une quinzaine de coprévenus, tous militaires, est ensuite resté dans les limbes. Les accusés, dont Amadou Sanogo, ont été libérés le 28 janvier 2020, une décision suspecte de motivations autres que judiciaires.

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Car la présidence Keïta, déjà en crise, était inquiète de la cohésion de l'armée. Et le procès menaçait d'amener à la barre le ministre de la Défense en exercice, Ibrahima Dahirou Dembélé. Les défenseurs des droits humains s'étaient alarmés que le général Sanogo et ses coprévenus ne rendent jamais de comptes.

Le général Sanogo s'était montré discret depuis lors.

M. Keïta a été déposé le 18 août par un groupe d'officiers. La junte a affirmé depuis sa volonté de réconcilier les Maliens. Elle a donné vendredi des obsèques nationales à l'ancien dictateur Moussa Traoré, autre militaire qui avait pris la tête du pays par un putsch en 1968 et qui a exercé 22 ans de pouvoir sans partage.

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