L’ONU demande à Kinshasa de laisser l’opposition manifester

Le président Joseph Kabila de la RDC

Les Nations unies dénoncent la pression croissante des autorités de Kinshasa sur les opposants et la société civile et leur demandent d’autoriser des manifestations publiques.

"Les membres de l'opposition ont annoncé qu'ils organiseront des manifestations ce jeudi 26 mai, pour exprimer leur mécontentement. Compte tenu du climat inquiétant, nous demandons au gouvernement d'autoriser les manifestations pacifiques à prendre place et de veiller à ce que les forces de l’ordre ne recourent pas à l'usage inutile ou excessif de la force lors de ces manifestations ", a déclaré le porte-parole de l’ONU, Farhan Haq, à New York, reprenant une communication du Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme.

"Nous exhortons les autorités à engager un dialogue constructif avec l'opposition et à veiller à ce que les droits de tous les Congolais de participer aux affaires publiques de leur pays soient respectés - plutôt que de chercher à étouffer l’opposition", a affirmé le porte-parole de l’ONU.

Les Nations unies dénoncent, selon M. Haq, la série de mesures inquiétantes prises par le Gouvernement de la République démocratique du Congo depuis janvier 2015 pour réduire l'espace démocratique dans le pays avant les élections.

Selon lui, le Bureau de l’ONU pour les droits de l'homme a documenté, entre janvier et avril de cette année, 216 violations des droits de l'homme liées à l'exercice des libertés d'expression, de réunion pacifique et d'association, y compris les arrestations et détentions arbitraires, la perturbation des réunions de la société civile et de l'opposition, et les mauvais traitements des manifestants.

La condamnation des trois militants de la société civile de LUCHA (Lutte pour le Changement) pour incitation à la désobéissance civile, diffusion de fausses nouvelles et atteinte à la sûreté de l'Etat, n’a pas laissé indifférent le Bureau de l’ONU pour les droits de l’homme.

"Nous sommes préoccupés par la pression sur l'opposition et la société civile, et nous demandons à la justice de se conformer aux principes du procès équitable et de résister à toute ingérence politique", a affirmé M. Haq.

Pour illustrer les brimades de Kinshasa sur les opposants et les membres de la société civile, les Nations unies citent la menace du ministre congolais de la justice et des droits humains de ne plus autoriser la plupart des ONG de fonctionner dans le pays. Car, selon le ministre, seuls 63 ONG sur les 22.000 existants en RDC, remplissent les conditions en vigueur.

Les Nations unies dénoncent également les harcèlements dont deux candidats de l'opposition ont récemment été l’objet de la part du pouvoir. Elles font aussi allusion aux des poursuites judiciaires contre l'un des candidats de l'opposition.

Les Nations unies demandent au gouvernement congolais de veiller à ce que les libertés de réunion pacifique, d'association, d'expression et le droit de participer aux affaires publiques de tous les acteurs, quelle que soit leur appartenance politique, soient pleinement respectés.

Elles l’exhortent la RDC à respecter pleinement par les normes et réglementations internationales relatives au travail des défenseurs des droits de l'homme, y compris la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l'homme.