L'ONU dénonce la forte dégradation de la situation humanitaire au Yémen

Une voiture a explosé dans une rue à Aden, au Yémen, le 13 mars 2018.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a dénoncé jeudi dans une déclaration la forte dégradation de la situation humanitaire au Yémen, où "22,2 millions de personnes" ont besoin désormais d'être aidées, soit "3,4 millions de plus que l'an dernier".

"Le Conseil de sécurité exprime sa forte préoccupation face à la détérioration continue de la situation humanitaire au Yémen et l'impact humanitaire dévastateur du conflit sur les civils", souligne cette déclaration "présidentielle".

Pour rédiger ce texte, la mission britannique à l'ONU a passé des semaines à négocier avec plusieurs pays, y compris avec l'Arabie saoudite impliquée dans la guerre, selon des diplomates.

A la différence d'une résolution, qui ne nécessite qu'une majorité de neuf voix sur les quinze membres du Conseil de sécurité et sans utilisation d'un veto d'un membre permanent, une déclaration dite "présidentielle" du Conseil comme celle sur le Yémen réclame l'unanimité de ses membres qui peuvent négocier la moindre virgule.

La plus haute instance de l'ONU dénonce aussi "le niveau de violences au Yémen, y compris les attaques sans discernement dans des zones habitées denses et l'impact que cela a sur les civils, provoquant de nombreuses victimes civiles et endommageant des sites civils".

"Le Conseil de sécurité appelle toutes les parties à respecter et à protéger les écoles, les établissements médicaux et le personnel", précise la déclaration.

Cela fait des mois que l'ONU dénonce l'utilisation d'écoles par des combattants, qui s'en servent parfois comme dépôts d'armes.

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Sans citer l'Iran, comme le voulaient sûrement à l'origine les Etats-Unis, "le Conseil de sécurité condamne dans les termes les plus forts les tirs de missiles balistiques par les Houthis contre l'Arabie saoudite, notamment ceux du 4 novembre et du 19 décembre, qui ont mis en danger délibérément des zones civiles", indique aussi la déclaration.

Iran non mentionné

Les Etats-Unis ont accusé l'Iran, soutien politique des Houthis et adversaire dans la région de l'Arabie saoudite, d'avoir fourni ces missiles aux Houthis.

Téhéran a démenti et la Russie a récemment mis son veto à une résolution américaine visant à condamner une violation par l'Iran de l'embargo sur les armes imposé au Yémen.

"Le Conseil de sécurité appelle tous les Etats membres à appliquer pleinement l'embargo sur les armes comme l'exigent des résolutions de l'ONU", poursuit le texte.

La plus haute instance de l'ONU réclame aussi à nouveau, comme elle le fait depuis des mois sans grand succès, un libre accès pour les organisations humanitaires --via notamment les ports et aéroports du pays-- afin de pouvoir appliquer le plan d'aide humanitaire adopté pour 2018.

Le montant de l'aide humanitaire nécessaire pour le Yémen cette année est estimé à 2,96 milliards de dollars pour assister plus de treize millions de personnes.

Une conférence de donateurs est prévue prochainement à Genève et le Conseil de sécurité encourage tous les Etats membres de l'ONU à effectuer des contributions financières.

Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité salue notamment "l'engagement de l'Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis à contribuer pour près d'un milliard de dollars à l'appel aux dons de l'ONU".

Ces deux pays sont entrés en guerre en mars 2015 pour venir en aide au gouvernement légitime réfugié dans le sud du pays face aux rebelles Houthis qui contrôlent la capitale Saana.

Dans leur déclaration enfin, "les membres du Conseil de sécurité réaffirment leur fort engagement en faveur de l'unité, de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale du Yémen".

La guerre au Yémen a fait quelque 9.300 morts et plus de 53.000 blessés, dont de nombreux civils, plaçant également des régions au bord de la famine.

Avec AFP