Dans le même temps, la principale coalition de l'opposition syrienne a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU, qui tenait une réunion d'urgence, de prendre des "mesures immédiates" pour protéger les civils assiégés de la métropole septentrionale.
"Nous supplions (...) les parties au conflit (...) de faire tout leur possible pour protéger les civils et pour permettre l'accès à la partie assiégée d'Alep-Est avant qu'elle ne devienne un gigantesque cimetière", a déclaré le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien, s'adressant depuis Londres au Conseil de sécurité.
L'ONU a pré-positionné des stocks de médicaments et de nourriture pour ravitailler plusieurs dizaines de milliers de personnes et ses camions sont prêts à entrer à Alep-Est, a-t-il souligné, appelant le gouvernement syrien à autoriser un tel déploiement "en toute sécurité".
Soutenues par des bombardements intensifs, les forces du régime de Bachar al-Assad ont lancé le 15 novembre une offensive à Alep-Est en vue de reprendre cette partie de la ville aux mains des rebelles.
Elle ont depuis conquis près de 40% d'Alep-Est, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Elles poursuivent notamment leur avancée dans le vaste quartier de Cheikh Saïd, dans le sud-est, a indiqué l'agence officielle Sana.
Pluie d'obus
"C'est une véritable pluie d'obus, on ne peut pas se risquer dehors", a témoigné un correspondant de l'AFP, cloîtré chez lui. Après une attaque au mortier, il a vu le corps sans vie d'une fillette au milieu d'une rue.
Dans un quartier proche, au moins 26 civils ont été tués par des tirs d'artillerie du régime, selon l'OSDH.
Parmi ces morts figurent des habitants qui fuyaient les combats au sol, les tirs d'artillerie et les bombardements aériens qui ne cessent pas.
Alors qu'Alep-Est comptait récemment 250.000 civils, plus de 50.000 selon l'OSDH ont fui ces quatre derniers jours cette zone assiégée depuis quatre mois, sans nourriture, médicaments et électricité.
Parmi eux, Fawwaz al-Achaari, 56 ans, a quitté son quartier de Sakhour pour rejoindre un centre d'accueil à Jibrine, à une dizaine de km au nord d'Alep. "J'ai perdu mon fils aîné, mon travail, ma maison (...) Le reste de mes enfants ne demandent qu'à vivre en sécurité, ils ont vu la mort à plusieurs reprises, je veux qu'ils connaissent la vie", a-t-il dit.
"Ceux qui fuient sont dans une situation désespérée. Beaucoup d'entre eux ont tout perdu", a souligné Pawel Krysiek, responsable de la communication de la Croix-Rouge en Syrie.
Sous une pluie tenace, des familles entières ont convergé vers des points de rassemblement pour monter dans des pick-up ou des bus affrétés par les autorités pour se diriger vers l'ouest d'Alep contrôlé par le régime, selon un journaliste de l'AFP.
Selon l'OSDH, sur les 50.000 déplacés, plus de 20.000 ont trouvé refuge à Alep-Ouest et 30.000 dans l'enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes.
"Laissez les civils sortir, protégez les civils, mettez en place un couloir sûr pour qu'ils puissent partir", a réclamé le président du conseil local des quartiers rebelles, Brita Hagi Hassan, lors d'une visite à Paris.
"Dans les quartiers repris par les forces du régime et les milices iraniennes, il y a des exécutions sommaires, des règlements de compte, tous les jeunes hommes de moins de 40 ans sont arrêtés", a-t-il affirmé.
Depuis le 15 novembre, plus de 300 civils, dont 33 enfants, ont été tués à Alep-Est, selon l'OSDH qui comptabilise les morts identifiés. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 48 civils en bombardant Alep-Ouest.
L'agence officielle Sana a indiqué que huit habitants de ces quartiers, dont deux enfants, avaient été tués mercredi par des tirs de roquette provenant d'Alep-Est.
A New York, les quinze ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU discutaient d'Alep au cours d'une réunion urgente demandée par la France. Le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a dit espérer que cette réunion puisse conduire "à mettre fin au carnage".
Principal soutien de Damas, Moscou avait dénoncé mardi la "cécité" des Occidentaux sur le dossier syrien, en se félicitant que les dernières opérations avaient permis de "changer radicalement la situation" à Alep.
Parallèlement, des représentants de la Russie et de groupes rebelles syriens se sont rencontrés à "plusieurs reprises" à Ankara pour discuter de l'instauration d'une trêve à Alep, a indiqué à l'AFP une source proche des factions syriennes.
Avec Afp