La Cour suprême a invalidé le 1er septembre la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta face à l'opposant Raila Odinga, citant de nombreuses irrégularités dans la transmission des résultats et estimant que l'élection n'était "ni transparente, ni vérifiable".
Le parti au pouvoir Jubilee a déposé des amendements à la loi électorale qui doivent être examinés en première lecture jeudi selon une procédure accélérée, conduisant l'opposition à claquer la porte de discussions en cours avec la Commission électorale (IEBC) en vue d'aplanir les différends entre les deux camps et de préparer l'élection présidentielle du 26 octobre.
"Nous n'avons d'autre alternative que de quitter cette réunion", a déclaré à la presse l'un des leaders de la coalition d'opposition Nasa, le sénateur James Orengo.
"Le fait que les règles du jeu soient modifiées en cours de route est révélateur de l'arrogance de la coalition Jubilee (au pouvoir). Ils sont arrivés à un stade où ils pensent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent et changer ce que bon leur semble, y compris la Constitution par des moyens détournés", a dénoncé M. Orengo.
Les amendements déposés par Jubilee n'étaient pas encore publics à la mi-journée. Selon M. Orengo, qui dit en avoir pris connaissance, ils reviennent à rendre légales "les irrégularités et illégalités" soulevées par la Cour suprême dans son jugement.
Plusieurs cadres de Jubilee ont balayé ces accusations, expliquant que les amendements visaient seulement à régler les "lacunes" du texte actuel.
Des responsables religieux se sont exprimés publiquement pour condamner la démarche du parti au pouvoir.
"C'est une voie inacceptable car elle conduira à la mutilation de la Constitution et l'affaiblissement de nos institutions", a ainsi déclaré le chef de l'Eglise anglicane au Kenya, l'archevêque Jackson Ole Sapit.
De son côté, le président de la Commission électorale Wafula Chebukati n'a pu que constater l'échec de la réunion de conciliation, précisant toutefois que la commission continuait ses préparatifs.
"Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle loi", a-t-il ajouté, espérant que les amendements, s'ils étaient adoptés, n'auraient pas d'impact sur les préparatifs en cours.
L'opposition menace de boycotter le scrutin si plusieurs de ses conditions ne sont pas remplies: un remaniement en profondeur de la commission électorale et de nouveaux fournisseurs pour le matériel électoral et la composante électronique du scrutin.
Elle a par ailleurs appelé à des manifestations tous les vendredi et lundi devant le siège de l'IEBC dans le centre-ville de Nairobi. La première de ces manifestations lundi n'a réuni que 300 partisans de l'opposition environ et a été dispersée par la police à coup de gaz lacrymogènes.
Avec AFP