La crise en Libye affecte la lutte contre le trafic d'êtres humains selon le président soudanais

Omar Hassan Ahmed El Bechir, président du Soudan, lors de l'ouverture du sommet France-Afrique, le 15 février 2007.

Le président soudanais Omar el-Béchir a affirmé dimanche que la crise politique en Libye voisine affectait le Soudan, les trafiquants d'êtres humains utilisant son territoire pour commettre des actes criminels.

M. Béchir qui s'exprimait devant la presse à Khartoum en présence du chef du gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a déclaré que l'insécurité en Libye a rendu plus coûteuse pour le Soudan la lutte contre l'immigration clandestine.

"Nous sommes directement affectés par l'insécurité en Libye qui a rendu coûteuse notre lutte contre le trafic d'êtres humains, l'immigration clandestine et les crimes transfrontaliers, a dit M. Béchir

"Ceux qui commettent ces crimes profitent de l'instabilité en Libye et utilisent le territoire soudanais pour les commettre", a t-il déploré.

Chaque année des milliers de migrants originaires des pays de la Corne de l'Afrique entrent en Libye après être passé par le Soudan pour ensuite tenter la périlleuse traversée de la Méditerranée vers l'Europe.

Les passeurs profitent du chaos qui règne en Libye, pays où diverses autorités se disputent le pouvoir, pour envoyer chaque année des dizaines de milliers de migrants à destination de l'Italie qui se trouve à seulement 300 km des côtes libyennes.

Fayez al-Sarraj, installé depuis mars 2016 à Tripoli à la suite d'un accord sous l'égide de l'ONU, peine à asseoir l'autorité de son gouvernement, alors que le pays, riche en pétrole, a sombré dans le chaos depuis la chute du colonel Kadhafi fin 2011.

Khartoum reconnaît le GNA mais accuse régulièrement le rival de M. Sarraj, le maréchal Haftar --homme fort de l'est libyen-- d'avoir recours à des rebelles soudanais du Darfour (région soudanaise proche de la frontière avec la Libye), pour combattre en Libye.

M. Béchir a réitéré dimanche cette accusation: "Nous avons quelques Soudanais membres de groupes rebelles qui opèrent en Libye comme des mercenaires".

M. Sarraj a indiqué que les discussions entre les deux dirigeants avaient porté sur la sécurité en Libye.

"Le Soudan est d'une importance stratégique pour la Libye et nos discussions ont porté sur les moyens de sécuriser les frontières", a-t-il déclaré.

Les deux dirigeants n'ont pas évoqué la fermeture, le mois dernier, du consulat soudanais de Koufra et l'expulsion de diplomates soudanais basés dans le sud par les autorités proches du maréchal Haftar.

L'agence de presse proche de ces autorités avait affirmé que les activités de ces diplomates "portaient atteinte à la sûreté nationale libyenne".

Avec AFP