Quatre Libyens (Ahmad Oumar Al-Dabbashi, Musab Abu-Qarin, Mohammed Kachlaf et Abd Al-Rahman Al-Milad) ainsi que deux Erythréens (Ermias Ghermay et Fitiwi Abdelrazak), désignés comme des chefs de réseaux de trafic de migrants africains, sont visés par la mesure.
Selon un arrêté du ministère français de l'Economie et des Finances datant de vendredi et "vu la décision du Conseil de sécurité des Nations unies du 7 juin 2018", "les fonds et ressources économiques" éventuellement détenus en France par ces six personnes font "l'objet d'une mesure de gel", ajoute le Journal Officiel.
Jeudi, le Conseil de sécurité a sanctionné ces six individus, une première pour l'ONU à la valeur principalement dissuasive. Ces sanctions portent sur le gel de comptes bancaires et une interdiction de voyager.
"C'est la première fois que le Conseil de sécurité impose des sanctions contre des dirigeants de réseaux violents de trafics d'êtres humains", ont salué les Pays-Bas, qui ont pris l'initiative de cette mesure.
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Au-delà de s'en prendre aux actifs et aux revenus de ces six personnes, la décision du Conseil de sécurité représente surtout une valeur dissuasive importante, a indiqué à l'AFP un diplomate sous couvert de l'anonymat. "C'est un signal important" contre les responsables étatiques qui soutiennent ces trafics et contre les trafiquants eux-mêmes.
Fin 2017, un documentaire choc de la chaîne américaine CNN montrant des migrants africains vendus comme des esclaves avait provoqué l'indignation internationale. En mars, la justice libyenne avait annoncé l'émission de plus de 200 mandats d'arrêt contre des trafiquants libyens et étrangers impliqués dans un réseau d'immigration clandestine vers l'Europe.
La Libye, en proie au chaos et à l'insécurité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, est régulièrement pointée du doigt pour l'exploitation et les mauvais traitements infligés aux migrants originaires d'Afrique subsaharienne.
Ces derniers arrivent pour la plupart en Libye pour tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée vers l'Italie, pays de l'Union européenne le plus proche de la Libye.
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Des milices enlèvent ces migrants dans les villes, les regroupent dans ces centres illégaux de détention et les torturent avant de téléphoner à leurs familles sommées de payer des rançons, selon des sources locales et des ONG.
Ce trafic est devenu un commerce lucratif pour plusieurs milices qui ont mis en place un réseau bien organisé avec des ramifications dans des pays africains pour le transfert des fonds.
Dans un document confidentiel remis début février au Conseil de sécurité, des experts de l'ONU avaient estimé que le trafic d'êtres humains était en augmentation en Libye.
Avec AFP