La guerre en RDC fait grossir le flot des réfugiés en Zambie

Une famille de réfugiés de la RDC sont dans le camp de Nchelenge, en Zambie, le 30 octobre 2017.

Ils ont passé la frontière pour fuir la guerre, les meurtres et les viols. Plusieurs milliers de citoyens de la République démocratique du Congo (RDC) se sont réfugiés ces dernières semaines en Zambie voisine, qui peine à les accueillir.

La plupart des quelque 6.000 personnes recensées par les autorités de Lusaka sont originaires des provinces du Haut Katanga et du Tanganyika, dans le sud-est de la RDC, en proie à des affrontements entre l'armée régulière de Kinshasa et des milices.

Selon le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), cette vague est la plus importante depuis cinq ans en Zambie.

Sur les bords du lac frontalier Moero où ils ont pris leurs précaires quartiers, la plupart des réfugiés mettent en cause les troupes du président congolais Joseph Kabila, à leurs yeux responsables des pires atrocités commises dans le sud-est de leur pays.

"J'ai vu une femme enceinte qui a été violée, son ventre ouvert et son bébé tué avant qu'elle soit elle-même assassinée", affirme à l'AFP Kaimba Kazili, 39 ans, rencontrée dans le camp de transit de Kenani à Nchelenge, ville située au bord du lac.²

"Ce n'est plus sûr de vivre au Congo, ce sont les soldats du gouvernement qui tuent".

Kaimba Kazili a réussi à rallier le territoire zambien le 14 septembre. Lors de son exode sur les routes congolaises, elle a donné naissance à des triplés, deux garçons et une fille nommés Ari, Kalangila et Kanaila.

"Ca n'a pas été facile", commente-t-elle sobrement, "heureusement que nous avons croisé la route d'un homme qui conduisait un bus et qui nous a transportés".

Les trois nourrissons ont été présentés la semaine dernière au président zambien Edgar Lungu, qui a visité le camp accompagné de responsables du HCR.

La directrice locale de l'agence onusienne, Pierrine Aylara, a "applaudi (son) hospitalité envers ceux qui ont été déplacés".

'Sains et saufs'

Leur hôte a semblé moins enthousiaste quant à leur arrivée. "Vous avez fui l'anarchie, alors n'amenez pas l'anarchie ici", a-t-il lancé aux réfugiés sur un ton inhabituellement ferme.

"Nous avons ici des lois qui sont respectées de tous. Si nous devons vous mettre en prison, à la fin de votre peine vous serez renvoyés au Congo", a insisté le président zambien.

La mise en garde n'a semble-t-il pas effrayé les Congolais, dont la seule priorité était de fuir les violences.

"Dieu merci nous sommes arrivés ici sains et saufs, toute la famille avec mon mari et mes quatre enfants", explique soulagée Mauno Rukogo, une réfugiée de 42 ans. "Je ne retournerai jamais au Congo parce que la guerre est trop dure à supporter".

Une fois en sécurité dans les camps de transit, la vie reste cependant compliquée: les rations alimentaires sont comptées et le paludisme menace.

"On manque d'hôpitaux pour les enfants", déplore Mauno Rukogo.

Le HCR a dressé des tentes et des huttes au toit de chaume sur les 56 hectares du camp de transit de Kenani et creusé des puits et des toilettes. L'agence assure aussi fournir quotidiennement 400 grammes de maïs et 60 grammes de riz pour chaque famille.

Même maigres, ces rations semblent pour l'heure leur suffire.

"Ma femme a été tuée devant mes yeux par les troupes du gouvernement, j'ai réussi de justesse à me sauver avec mes trois enfants", déclare Minga wa Minga, un maître d'école de 40 ans.

"Il faut que l'ONU réagisse tout de suite", poursuit-il. "Ils considèrent que la situation est une crise humanitaire mais il faut qu'ils empêchent Kabila de détruire complètement le pays."

Le climat politique est très tendu dans cet immense pays d'Afrique centrale en raison du maintien au pouvoir du président Kabila, dont le deuxième et dernier mandat, selon la Constitution, s'est achevé en décembre.

La commission électorale a finalement annoncé début novembre que la présidentielle se tiendrait le 23 décembre 2018.

Avec AFP