Les affrontements redoutés dans un pays où les nerfs sont à vif ont éclaté après la prise de parole de M. Diallo lundi après-midi pour revendiquer sa victoire "dès le premier tour", sans attendre l'officialisation des résultats par les organes suppposés le faire.
Cette déclaration a déclenché des scènes de liesse dans des quartiers de la banlieue de Conakry, fiefs de M. Diallo et de son parti, l'Union des forces démocratiques (UFDG), mais aussi des violences.
"Alors que des jeunes célébraient paifiquement la victoire, les forces de sécurité ont tiré sur la foule, entraînant la mort de trois jeunes garçons et plusieurs blessés par balles", a écrit M. Diallo sur les réseaux sociaux.
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Il a parlé de "nouveaux crimes à mettre à l'actif d'Alpha Condé", le président sortant qui brigue à 82 ans un troisième mandat consécutif malgré des mois de contestation sanglante. L'issue de l'élection à laquelle concouraient 12 candidats devrait se jouer entre M. Condé et M. Diallo, 68 ans, rivaux de longue date.
L'UFDG a présenté les morts comme Thierno Nassirou Sylla, Mamadou Saidou Diallo et Abdoulaye Diomba Diallo, 13, 14 et 18 ans. Un correspondant de l'AFP présent dans la banlieue a vu trois blessés et une forte présence des forces de sécurité, malgré l'obscurité dans laquelle retentissaient des détonations sporadiques.
Aucune confirmation n'a été obtenue des autorités, préfiguration possible du hiatus, récurrent en Guinée, à attendre en cas d'escalade entre les informations communiquées par les différents camps.
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Peur du "vol"
La présidentielle de dimanche s'est déroulée dans un climat de vives tensions faisant craindre une éruption de violences.
Le vote lui-même a eu lieu dans le calme. Mais il a été précédé par des mois de tensions meurtrières et une campagne acrimonieuse au cours de laquelle personne n'a donné l'impression d'être prêt à accepter une défaite.
La Guinée est coutumière de voir le sang couler au moment des élections et dans les périodes de confrontation politique. Les mois derniers, les manifestations de l'opposition contre un troisième mandat de M. Condé ont été durement réprimées. Il y a eu des dizaines de morts civils, opposition et autorités divergeant sur les chiffres et les responsabilités.
M. Diallo et son parti se sont constamment dits inquiets que M. Condé ne leur "vole" la victoire en trichant, comme cela fut le cas, selon eux, aux présidentielles de 2010 et 2015. Leur méfiance totale a été avivée par la modification de la Constitution à laquelle M. Condé a fait procéder en mars pour, dit-il, moderniser le pays.
Lui et son camp invoquent cette nouvelle Constitution pour justifier sa candidature à un troisième mandat, alors que le nombre en est limité à deux. Ils font valoir que les compteurs sont remis à zéro.
"Nulle et de nul effet"
L'UFDG avait indiqué qu'il publierait des résultats compilés par ses soins avec les données remontées de tout le pays, sans s'en remettre à la commission électorale ou à la Cour constitutionnelle, qu'il juge inféodées aux autorités.
M. Diallo s'est exécuté lundi, tentant le fait accompli au risque d'être accusé de prolonger une crise sans issue en vue.
Le numéro deux de l'organe chargé d'organiser les élections, la Céni, a déclaré "prématurée", "nulle et de nul effet" la proclamation de M. Diallo. C'est à la Céni qu'il appartient d'annoncer les résultats provisoires, probablement "d'ici à la fin de la semaine", puis à la Cour constitutionnelle de les valider, a-t-il affirmé.
Dans un communiqué commun, les Nations unies, l'Union africaine et la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) a jugé "regrettables" les annonces anticipées de résultats. Elle ne sont pas "de nature à préserver le calme qui a globalement prévalu" au cours du vote, ont-elles déploré, appelant les "acteurs politiques au calme et à la retenue afin d'éviter des manifestations violentes".
Le parti de M. Condé a lui aussi condamné cette proclamation et appelé ses partisans au calme dans l'attente des résultats officiels.
Un second tour, s'il doit avoir lieu, est programmé le 24 novembre.